lundi 30 avril 2012

A l'écoute : Starlito, E 40, Big Krit

Une petite sélection sans fil conducteur parce que ça fait deja quelque temps que je n'ai pas posté et que les projets de qualité continuent de s’amonceler pendant que je chôme.


Le nouveau projet d' E-40 est sorti et comme d'habitude c'est gargantuesque : non content d'avoir sorti quatre album d'affilée il y a peu (sa série des Revenue Retrievin, indispensables) c'est cette fois un triple album (!) que Earl balance, comme ça, direct. Je n'ai pas encore eu le temps de l'écouter vraiment mais je retiens deja ce super son dédié à son milieu naturel, le ghetto. La prod est puissante et ce refrain jamaicain en impose et reste bloqué dans la tête. Repeat.


La dernière tape de Starlito est sortie depuis quelques temps deja et c'est une vrai réussite, un pur produit du sud (Burn One aux commandes sur pas mal de sons) , au contenu très varié : un certain nombre de tracks plutot classiques autour des drogues, des salopes et du traffic, mais aussi de très beaux morceaux sur les amis enfermés à vie, ou encore comme ici sur la difficulté de garder la tête froide quand tout se barre en couille autour de soi et qu'on se met à douter de sa propre santé mentale.


Enfin, en attendant l'album, il est toujours bon de se rappeler que si la dernière tape de Big KRIT n'est pas la plus pêchue qu'il ait faite (bien qu'elle soit excellente), il n'a aucun souci à vous user un peu les cervicales au volant quand ça lui prend de faire un son pour la ride, southern style. Ride clean, ride slow, voilà de la prévention routière efficace.

mardi 17 avril 2012

Chronique : Future - Pluto


Pour ceux qui ne le savaient pas encore, si il y a une capitale de la musique rap à l'heure actuelle aux états unis, c'est Atlanta. Bien que les artistes les plus populaires tels que Rick Ross, Kanye ou Lil Wayne n'en soient pas originaires, ATL est un laboratoire du son à l'influence considérable sur le Hip Hop américain : la déferlante trap, et surtout l'incroyable impact du désormais classique premier album de Waka Flocka ont chamboulé le rap jeu en profondeur. Il suffit de voir l'impact qu'a eu le son Lex Luger, qu'on retrouve maintenant partout pour le meilleur et pour le pire, aussi bien chez Rick Ross que chez notre Booba national. Dès lors, la monté en puissance d'un des derniers rejetons de cette ville ne pouvait qu'attirer les regards : le jeune Future s'est distingué de la masse par une nouvelle approche du son atlantien : synthés mélodiques à balle, alliance du rap et du chant portés par une voix rocailleuse trafiquée électroniquement comme cela ne se faisait plus, esthétique d'outre espace... et surtout une volonté affichée de faire de la musique pour remuer les foules et ambiancer les stades.



Difficile dès lors de savoir a quoi s'attendre avec ce premier album très attendu : révélation d'une nouvelle star ou bide total ? Au vu de la sortie très récente de l'album (euh, aujourd'hui) les chiffres parleront plus tard mais on peut dès lors s’atteler à la critique musicale de cet OVNI.
Et Future ne nous avait pas menti, dès l'introduction de Big Rube, qu'on a pu entendre sur les albums Organised Noize (Outkast, Goodie Mob..), le ton est donné : Future à l'ambition d'être un game changer et se veut à la hauteur de son nom d'artiste, futuriste a fond ! L'album démarre vraiment avec en guest R.Kelly sur le titre parachute, hybride rap/RnB ou le chanteur ne se contente pas du refrain mais partage la vedette avec le rappeur sur une instru proteiforme vouée à cartonner en club, et continue avec un hymne qu'on imagine bien retourner le stade de france, suivi d'une track girl friendly encore très mélodique. Là, l’inquiétude commence à monter, en effet bien que très efficaces ces deux chansons on une vilaine tendance à frôler les limites du bon gout ! Mais voila qu'on arrive au déja classique remix de Magic avec T.I et l'album fini vraiment par passer en hyperespace.


(oui c'est censuré ça craint)

"Trippin", avec l'incontournable Juicy J (parler de drogues sans l'inviter serait un sacrilège), l'hymne gangsta Tony Montana (agrémenté d'un Drake sur lequel je ne me prononcerais pas), les plus personnels "Neva End" et "Permanent Scar", les deux bangers "Same Damn Time" et "Homicide" (avec un couplet excellent de Snoop Dogg comme on avait pas vu depuis longtemps!) et un hommage à UGK très bienvenue avec Trae The Truth ("Long Live The Pimp"), aka le seul homme qui t'impressionne en chuchotant : ça tabasse sacrément et on rentre vraiment dans ce son Future-istique qui atteint ici un niveau critique, plus encore que sur toutes ses mixtapes.
Difficile de ne pas accrocher à cette nouvelle recette à base de basses dopées, hi hats frénétiques et mélodies électroniques épiques, tant pis si c'est ultra accessible !



L'album s'achève avec un autre titre très sentimental et cheesy, sur la difficulté de trouver la femme de sa vie (!) "Turn On The Lights" bizarrement très addictif (ce n'est pourtant pas mon genre), et une ode à son succès mérité "You Deserve It" qu'on imagine bien encore une fois faire un carton en live.
Sur toute ces pistes, future oscille comme toujours entre chant et rap, déployant dans les deux domaines une écriture correcte mais surtout un sens de l’efficacité et de la mélodie assez imparable. Pas besoin de chercher un flow à tomber par terre ou des lyrics très recherchées, il ne se place pas dans ce créneau là.

En résumé, on ne peut que constater que ce projet s'inscrit dans une vision artistique qui ne doit rien au hasard. Future tiens toutes ses promesses avec un album accessible mais ambitieux qui colle parfaitement à son cri de ralliement : turn up ! Pas une seule pause, du triomphal pour briser des nuques dans la fosse, du mélodique pour faire larmoyer le public féminin et partout cette obsession de sonner majestueux et d'avoir quelques parsecs d'avance sur la concurrence. Nul doute que certains ne supporteront pas longtemps cette grandiloquence et le manque de substance dans les textes, et certaines tracks sont vouées à être systématiquement zappées mais ce serait dommage de se priver du plaisir que procurent la majorité des chansons de cet album, quand bien même il s'agirait d'un plaisir coupable, et surtout de passer à coté d'un artiste qui se démarque à ce point : ce n'est plus si courant !

L'album est en écoute intégrale (sans les tracks bonus) sur Deezer

vendredi 13 avril 2012

A l'écoute : Dave Luxe - PurpleStep

Je vous avait promis lorsque j'avais parlé d'un petit EP gratuit de G Mane (ici) que je reparlerais d'un des producteurs listés : Dave Luxe. J'avais découvert en tombant sur sa page perso ce que faisait vraiment ce mec et j'ai été étonné de voir que non content d'appartenir au crew Regulate et d'être proche de toute la clique Booty Call Records (juke, footwork, booty bass), ce que je savais déjà, il est aussi fan de dubstep et de rap du Sud (d'où le G Mane, donc), un peu comme... moi.

Je me suis donc jeté sur une de ses mixtapes, la bien nommée Purple Step. Au programme : du grime, du dubstep, des mashups, du rap et pas n'importe comment : le tout est en effet passé à la moulinette Chopped & Screwed, comme les meilleures tapes sudistes. Alors qu'est ce que ça donne ? Bah évidemment ça tue de bout en bout: la tracklist est fatale (Rustie x Waka Flocka, Simian Mobile Disco remixé par Joker, Kid Sister ft. Riff Raff, G Side, Jackie Chain, Schoolboy Q & ASAP Rocky, Wiley...) Tout glisse parfaitement, dans une ambiance fin de MDMA remontée à la codeine et au joint, et en plus les transitions et les chops sont au poil.



Si vous cherchiez un nouveau genre de son pour vous accompagner dans vos errances nocturnes ou vous réunir fracassés dans un canapé avec vos potes, voila l'idéal, une combinaison de styles tellement efficace que ça me choque presque qu'on y ait pas pensé avant. J'espère vivement (et ça à l'air bien parti pour) tomber sur de plus en plus de projets de ce type et je vous encourage à donner un peu d'amour à ce jeune homme audacieux en téléchargeant la fameuse mixtape, là par exemple.

jeudi 5 avril 2012

Chronique : Nacho Picasso/Blue Sky Black Death - Lord Of The Fly

Depuis quelques semaines, un nom se répand sur internet, des clips tournent, des articles sont publiés... bref y'a du buzz, et ce buzz encore timide à un nom : Nacho Picasso. Quel intêret que j'ajoute donc ma pierre à l'édifice de la hype ? Honnêtement c'est parce que ce jeune rappeur de Seattle est plus qu'une curiosité à mes yeux : d'abord je trouve que ça défonce, et ensuite parce que le succès naissant de l'artiste doit beaucoup à ses deux producteurs préférés, Blue Sky Black Death, et qu'on en parle pas assez.



Les productions m'ont en effet particulièrement marquées : le duo de producteur est à l'origine d'une lente avalanche de beats tordus, oppressants, psychédéliques, qui sonnent un peu comme une version codeinée et un tantinet badante du son de Clams Casino. Les grosses basses côtoient de petites mélodies entêtantes oscillant entre l'épique, le trippant et le franchement menaçant, les drums frappent sèchement, et le kick lorgne plus du coté du tambour de guerre que de la simple grosse caisse. Ici, les basses flirtent avec la wobble du dubstep, les morceaux sont parsemés de bizarreries électroniques et on est bien loin du sampling cher à Primo ou RZA. Alors ne serait ce qu'un OVNI? Nope, la plus grande réussite de ce Lord Of The Fly coté beats est de ne pas ressembler à un croisement bâtard mais d'être au contraire une vision très contemporaine de la production hip hop, un truc plus à la pointe qu'à la marge de très bon augure pour l'avenir de cette musique.



Quant au rappeur, sans être traumatisant au micro, il maitrise le flow et les rimes bien mieux que la moyenne des rappeurs aussi débutants que lui, trop souvent semblables à un clone mononucléosé de Waka Flocka (arrêtez de demander des sons à la Lex Luger, pitié), et développe au file des tracks ses obsessions avec talent. Si le garçon semble avoir un urgent besoin d'un psychologue et d'un spécialiste en addictions, on se gardera bien de lui dire. Sa déviance assumée bien que déplorée faisant tout son intérêt. Drogues, sexe, mégalomanie, paranoïa, traité avec cynisme et désabusement, voila de quoi parle Nacho Picasso, nous dépeignant avec brio le portrait d'une nouvelle génération de jeunes noirs écartelés entre leur appétit de réussite et leurs démons, ni tout à fait hustlers accomplis ni toxicos finis.



Porté par des productions atypiques et réussies, des thématiques sombres, de vraies qualités de rappeur ainsi que des refrains efficaces (sur Stare At The Sun ou Phantom Of The Opera par exemple) cette tape est indéniablement un projet sur lequel il ne faut pas dormir, si vous ne l'aviez pas encore compris. Bien sur le projet n'est pas parfait, Nacho Picasso n'a surement pas encore atteint ses capacités maximales de rappeur, et l'égocentrisme permanent risque d'en agacer certains, mais cela fait au final bien peu de raisons de passer à coté.

Allez, choppe le ici và ! (et quand même, pour ceux qui ne connaissent pas, allez faire un tour chez le Captain Nemo de temps en temps ça fait deja quelques temps qu'il en parle et y'a toujours du bon son)

mercredi 4 avril 2012

A l'écoute : L.E.P Bogus Boys x The Hood Internet

The Hood Internet est un producteur américain qui s'est fait une petite réputation grâce à ses mash ups assez inhabituels mélant rap qui tâche et indie/éléctro de hipster, le résultat est souvent très frais et c'est une refonte compléte de 6 morceaux tirés de Now Or Neva des L.E.P Bogus Boys qu'il nous offre aujourd'hui.
Il semblerait que les morceaux aient été concoctés avec l'aides d'autres producteurs comme Burial (!!) ou Bibio, mais je me demande si je n'ai pas mal compris et qu'il ne s'agirait que de mash ups. Enfin en tout cas c'est très plaisant et ça change un peu des remixs ghetto-dance que j'ai l'habitude d'écouter.


Télécharge c'est gratuit !

lundi 2 avril 2012

A l'écoute : ASAP Rocky & Swizz Beats, Kendrick Lamar & Dre, Killer Mike & El P

Petite sélection de nouveautés, que des duos, l'un surprenant, l'autre redouté et le dernier terriblement attendu :

ASAP Rocky & Swizz Beats : Street Knock

Rocky ne s'essoufle pas, loin de là... et la prod tape comme il faut, j'attends l'album avec impatience.

Kendrick Lamar & Dr. Dre - The Recipe

Bon Dre est archi-ghostwrité c'est pas une surprise mais ce son West Coast newschool est entêtant à souhait... finalement ça va peut être bien se passer pour Lamar et le Black Hippy Crew

Killer Mike & El P - Don't Die

La rencontre entre le très talentueux producteur New Yorkais El P et un des artistes les plus injustement underrated du Sud sale, qu'est ce que ça donne ? Ça défonce, et je me marre si l'album fini pas dans tout les bon tops de fin d'année.

dimanche 1 avril 2012

Chronique : Rick Ross- Rich Forever

Quelle histoire que celle du gros Ross ! Auteur de ce qui semblait être voué à devenir un "one hit wonder" avec son tube "Hustlin", seul véritable point fort d'un premier album moyen, victime de révélations malvenues sur son passé de gardien de prison, affaibli par des problèmes de surpoids, Ross ne semblait pas particulièrement en bonne position pour de venir LA nouvelle superstar du rap, et pourtant...

Après quatre albums à la qualité exponentielle, la création d'un label, des featurings en pagaille, Rick Ross et MMG apparaissent comme le phénomène le plus enthousiasmant à envahir le mainstream depuis l'envol de la clique Young Money. Le rapping, l'image, les productions, les ventes... tout s'est amélioré de façon remarquable chez Rozay, au point qu’aujourd’hui celui çi fait jeu égal avec les poids lourds du genre (YMCMB notament), trustant les playlists des chaines spécialisées.

C'est dans ce contexte que le rappeur, pour continuer à envahir télé et ondes radio, et fournir leur dose à ses fans, offre depuis quelques semaines sa nouvelle mixtape "Rich Forever", censé servir d'amuse gueule avant le plat principal, l'album "God Forgive, I Don't". Mais Rich Forever, c'est bien plus que ça, c'est le haut du panier de la mixtape, la version luxe, la bugati du projet gratuit. Une vingtaine de titres, des featurings de qualité (2 Chainz, French Montana, Meek Mill, Nas, Future...) deux chanson pour meufs, et que du lourd. La tape est en effet un pur concentré de la méthode Ross : des productions tonitruantes (Mike Will, Lex Luger, Justice League, Beat Billionnaire), qui rappellent immanquablement défilés militaires, marches victorieuses, conquête implacable. Et des textes portés par une voix plus qu'imposante, immanquablement centrés sur l'argent, la puissance, la réussite et le hustle.



Si les titres orientés drogues violence et égotrip tombent dru et sont particulièrement efficaces (High Definition, Last Breath, Fuck Em...) là ou Rozay frappe le plus fort et nous démontre l'immensité de son talent, c'est sur les morceaux qui glorifient son parcours, sa réussite et sa richesse. Rich Forever, Stay Schemin, The World Is Ours, ou encore Triple Beam Dreams sonnent tout simplement grandiose. Les productions sont particulièrement bien choisies, impériales, pharaoniques : quand l'instru de Rich Forever accèlere, on reste collé au fond de son siège comme dans un jet au décollage, et celle de Stay Schemin dégage une impression de puissance maitrisée qui donnerait presque des frissons.



Dans chaque morceau, la présence du patron de MMG remplit l'espace, sans prouesses particulières dans le flow ou les lyrics, il dégage immanquablement une puissance écrasante, contrepoint parfait aux rappeurs plus aigus et plus rapides qui l'accompagnent (Drake, Nas ou Meek Mill notament), et si on peut douter de l'implication réelle de Rick Ross dans une quelconque activité criminelle d'envergure, là n'est pas l'important car une chose est claire : Rick Ross à la dalle, et il s'ouvre un boulevard à grand coups de machoires vers le panthéon du rap. Bien peu de rappeurs ont été capables d'allier une telle produtivité à une qualité constante, couplée à une réussite commerciale digne du rêve américain.

Projet secondaire, Rich Forever est toutefois incontournable : c'est un témoignage supplémentaire de ce qu'est MMG aujourd'hui, un poid lourd parmis les poids lourd. S'il n'égale pas artistiquement des légendes comme Biggie, Pac ou Jay Z, Ross est immanquablement un grand du rap désormais. Peut être justement parce qu’on ne l'a pas pris au sérieux, parce qu’il a essuyé des coups dur, il ne s’arrêtera plus, il va tout niquer. Pourquoi ? Parce qu’il est RICHE POUR TOUJOURS, biaaatch !