lundi 15 octobre 2012

A l'écoute : 100s - Ice Cold Perm (Chopped & Screwed)

 L'excellent "Ice Cold Perm" du jeune rappeur californien 100s a bénéficié ces derniers temps d'un gros buzz et d'un très honorable succès critique... si vous en vouliez encore, un certain Y.Beez en propose une version "Chopped & Screwed", c'est à dire savament ralentie et travaillée à la manière du grand DJ Screw. La raison initiale de la popularité d'un tel traitement ? Apprécier la musique encore plus intensément sous l'effet d'une grosse défonce aux plantes ou au sirop pour la toux. A cerveau ralenti, musique ralentie !
Un aperçu ci dessous, et l'écoute intégrale >>ici<<

mardi 9 octobre 2012

A l'écoute : Selection style "combinaisons mortelles"

Généralement, quand on parle de rap, les meilleurs featurings sont ceux associants des artistes proches à la complémentarité maintes fois éprouvée, qui, gravitant dans les mêmes cercles finissent toujours par défoncer la prod comme chacun s'y attendait. Parfois pourtant, s'associent des artistes que rien ne prédestinait, ou si peu, à combiner leurs forces et qui pourtant nous livrent à deux des morceaux incroyables sur lesquels opère une alchimie surprenante. Ce genre de collaborations plus ou moins innatendues font particulièrement mon bonheur et c'est pourquoi j'ai décidé de vous livrer quelques uns de ceux qui m'ont le plus marqué ces derniers temps. Rien de bien surprenant ni de très nouveau, mais c'est certifié 100% morceaux qui défoncent.

Tout d'abord, bon, Gucci Mane et Future sont tout les deux natifs de la belle ville d'Atlanta, Géorgie, donc de la a dire qu'un gouffre les sépare ce serait exagéré, mais comment résister a une telle combinaison ? Cette track issu de leur projet commun "Freebricks" ma suffisament traumatisée pour tourner encore très régulièrement dans mes lecteurs plusieurs mois après la sortie de la tape.



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ASAP Rocky & Schoolboy Q, voila un duo qui ne surprendra pas trop les amateurs de rap spé tendance nouvelle vague qui monte, qui monte. Si on devait encore douter du potentiel de ces deux là, ce fabuleux "Hands On The Wheel" et son refrain samplé inoubliable remet les pendules à l'heure. Oui oui, c'est branché, même les petits de ton quartier écoutent ce morceau, Rocky il passe au Social Club... On s'en tape ouvrez vos esgourdes et appréciez.



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Ca parcontre, c'est de l'alliance contre nature. L'espoir du rap west coast recherché et la furie cocainé de l'écurie MMG ? Je suis pas le premier à le dire, mais probablement un des meilleurs morceaux de l'année. La prise de risque ça paye.



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Encore un duo de fou ! Le gros Bronson, sa barbe rousse, et son style qui selon les médisants rapellerai bien trop Ghostface, une prod du petit génie Harry Fraud et Riff Raff, le Texan au style disons, cartoonesque, c'était pas forcément un mélange très safe à la base (méfiez vous des interactions entre les produits les enfants!). Et encore une fois ça tue sur toute la ligne. La encore un de mes morceaux récents préféré.


Action Bronson x Riff Raff "Bird on aWire" Official Video from Max Albert on Vimeo

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Pour finir, le combo du rap présumé mongol de 2 Chainz (vous savez, le clip avec les gros culs et les gateau d'anniv') et de celui plus feutré de l'ex Young Money Curren$y pour ce qui est un des temps forts de l'excellent "Stoned Immaculate" du natif de la nouvelle Orléans. Cette ligne de basse, merde !


mercredi 3 octobre 2012

Chronique : Z-Ro - Angel Dust

L'évocation de Z-Ro, de son vrai nom Joseph McVey devant des amateurs de rap non spécialistes du Sud n'évoquera probablement rien. Quand bien même les noms de Bun B, Pimp C, Outkast ou Geto Boys ont réussi à s'inscrire dans les mémoires collectives en tant qu'acteurs majeurs du rap, Z-Ro fait figure d'éternel oublié, au point que le New York Times le considère a juste titre comme un des rappeurs les plus sous estimés des Etats Unis.
 Actif depuis le milieu des années 90, affilié a tout ce que le Texas compte de rappeurs légendaires, a commencer par le collectif Screwed Up Click, nébuleuse d'artistes gravitant autour de l'incontournable DJ Screw, le manque de présence du Texan sur les radars musicaux s'explique probablement par l'absence d'album totalement renversant a son actif. Z-Ro n'est pas un game changer, il n'a pas révolutionné la musique sudiste. Mais c'est peut être pour ça qu'il est un de ceux qui l'incarnent le mieux.



 Angel Dust est le dernier en date d'une série de projets empruntant chacun le nom d'une drogue, qui a un moment ou un autre a probablement transitée entre les mains de McVey. Celui çi est en effet tristement coutumier des allers-retours en prison. Loin de s'en taper comme le ferait un Gucci Mane, Z-Ro aborde dans les textes de cet album un certains nombre de thèmes importants, entre quelques bravades va-t'en-guerre et une track à la forte teneure sexuelle ("Dicconu" qui n'est pas a mon avis un des points fort de l'album), tels que la paternité, la prison, les séparations amoureuses et en général la difficulté d'aborder un quotidien pas toujours ensoleillé.

C'est clairement dans cet exercice que l'artiste excelle : sur Truth Is, Today, Young Nigga et d'autres morceaux il dispense sans moralisme ni misérabilisme son expérience et sa philosophie qui rendent ses textes particulièrement intéressants sans pour autant être très complexes dans la forme ou le propos. Divertissants par leur teneur gangsta, mais capables de faire réflechir, on retrouve ici un peu de ce qui faisait aussi la force de 2pac : un esprit conscient (à ne pas prendre dans le sens galvaudé "rap conscient", ce n'est pas de cela dont ils'agit) pris dans un mode de vie dangereux et difficile (on retrouve d'ailleurs cette référence sur le morceau "When I Get Free".



L'autre particularité de Z-ro, qui en fait un rappeur unique, c'est sa voix incroyable. La comparaison inévitable, c'est évidemment Nate Dogg, mais Z-Ro n'a rien d'un clone. Non seulement sa voix à une identité propre, mais elle s'aventure aussi bien dans des refrains chantés extrèmements groovy que sur les couplets ou elle ajoute encore de la puissance au rap rapide et bondissant qui est le sien. Ajoutons à cela des productions à la forte saveur locale et le résultat est exactement ce qu'on peut attendre d'un album sudiste : une forte musicalité, beaucoup d'énergie, et ce coté blues directement tiré de l'héritage local.



Bon, bien sur, tout n'est pas parfait sur ce "Angel Dust", les morceaux se ressemblent souvent beaucoup, certains sont dispensables, on est pas vraiment dans l'expérimentation musicale c'est sur. Mais si il ne s'agit toujours pas d'un chef d'oeuvre absolu, c'est sans conteste un album à écouter sans y réfléchir une seule seconde pour les amateurs de vrai rap, efficace et intelligent. Un retour aux bases de ce qui fait la force du rap Houstonien, un produit sans concession avec écrit "REAL SOUTH" en gros et en relief dessus. Petit plus enfin, les featurings d'autres poids lourds locaux comme K-Rino ou Lil Flip sont dans la même veine : "Grown man rap music".