mercredi 4 juillet 2012

Chronique : Doughbeezy - Blue Magic

Avec le retour tardif de l'été, il est tout naturel de chercher à écouter des trucs disons, un peu plus chill que de la trap, histoire d'accompagner ses virées en voiture, ses barbecues et ses 5 à 7 moites et crapuleux. Mais est ce que ça veut dire qu'on ne doit plus écouter que du G Funk et tourner le dos au Sud ?
La mixtape de Doughbeezy vient a point nommer pour nous rappeler qu'en plus d'être désormais la capitale mondiale du rap qui fait peur, les Etats du Sud sont aussi les specialistes de la rib sauce Jack Daniel's, du "ridin dirty" et de la détente sous un porche et qu'on peut venir de la et parler d'autre chose que de meurtre dans ses chansons. Tout droit sorti de la ville d'Houston, Texas, le jeune homme n'est pas un tueur ou un parrain de la drogue, c'est d'abord un hustler consciencieux qui pense à s'acheter une maison avant de s'acheter une voiture, et un rappeur incisif qui s'est fait remarqué pour son flow rapide,  son écriture dense et ses rhymes travaillées.



Celui qu'on surnomme "The South East Beast", et dont la réputation à Houston n'est plus a faire (il suffit de voir la liste des invités, entre Slim thug, Bun B ou Killa Kyleon le Texas est la en force) développe sur 16 tracks un univers cohérent et maitrisé, oscillants entre lourdeur minimaliste, mélodies soulfuls, et influences Country et nous offre un panorama varié mais homogène du rap Texan aujourd'hui. Les productions simples, efficaces et typiques, assurées par Basement Beat, Cardo et une tripotée d'autre dont je ne saurais vous dire grand chose honnêtement, installent une ambiance énergique sans être violente (mise à part peut être l'efficace mise en garde "Fuck You") qui sied parfaitement au gros point fort de Doughbeezy : son aisance au micro.



En effet, aussi bien dans les refrains que les couplets, c'est toujours efficace, le flow colle diablement bien aux instrus et rebondit dans tout les sens pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Pas étonnant qu'il se soit fait une réputation en freestylant : ça "kicke sec" et ça rime bien, de plus la monotonie ne s'installe jamais grace à des changement de flow permanents, rapellant tant tôt le ternaire de Memphis, un Ludacris, Yelawolf ou même Kendrick Lamar. Rien ne serait d'ailleurs couché sur papier, tout dans la tête !
Au niveau du texte, on est ravi de voir que Doughbeezy n'est pas la pour s'inventer des vies mais bien pour explorer les thèmes classiques du rap avec serieux et décontraction. Qu'il raconte son envie impérieuse de se faire pomper (et rien d'autre), la fascination qu'exerce son véhicule sur la gente féminine ou bien la nécessité faire son propre truc, travailler dur et rester droit et honnête, il délivre sa sagesse du ghetto et expose ses ambitions sans mégalomanie ni cynisme excessif à travers des textes denses aux figures de style variées.



Au final, cette mixtape tout terrain, extrêmement solide et bien ficelée, contient le mélange d'ambiances idéal pour vous suivre partout dans votre baladeur, votre autoradio ou votre chaine Hi Fi. C'est simple, ça glisse tout seul sans prendre la tête ni endormir. Personnellement, ça va tourner sec cet été et je garde un oeuil sur ses futur projets avec impatience.

>>>>>>>!