vendredi 8 juin 2012

Traduction de l'interview de GMane par Dave Luxe


Bon comme je suis un grand malade, et que je n'arrive pas à trouver un travail, j'ai décidé de m'occuper en traduisant intégralement l'interview fleuve de GMane par Dave Luxe sortie sur son site Drive Slow Homie (parmis plein d'autres trucs cools). Je ne sais pas trop à quel point ça se fait ou pas de faire ça donc d'une part je vous enjoint si vous parlez Anglais à aller directement lire l'interview en version originale, déjà parce que c'est mieux, ensuite parce que c'est quand même Dave Luxe qui s'est fait suer à la faire, pas moi; et d'autre part je suis prêt à la retirer si ça venait à poser problème à qui de droit.



Ca parle pas mal de l'Alabama, du parcours du bonhomme, mais aussi et surtout de l'état actuel du game aux Etats Unis et du manque flagrant de conscience politique parmi les rappeurs. C'est long, c'est intéressant, ça nous apprend plein de choses, bref même si votre intérêt pour l'artiste est limité c'est une super interview et il serait dommage de passer à coté.

Let's go.

Dave : Yo mec. Alors, d'abord laisse nous te présenter un peu. Qui est tu et d'où vient tu?

GMane : On m'appelle OG GMane. J'ai débuté dans les années 90 avec le groupe Slave Kamp, qui a aidé à ouvrir la voix pour le rap de l'Alabama. Je viens de Quad City/Flo-Town. C'est à Florence dans l'Alabama. C'est la ville natale du père fondateur du Blues, WC Handy. C'est aussi de là que viens le son de Muscle Shoals (les Quad Cities sont Florence, Muscle Shoals Sheffield & Tuscumba)

D : En quoi consiste un jour dans la vie de GMane? Tu as un travail ou des hobbies ? Ta musique te permet de gagner ta vie?

G : Me lever, prier, faire de l'argent ! Si je ne suis pas en train d'enregistrer ou si je ne suis pas sur la route généralement je ne fais qu'écrire et fumer. Je suis tout le temps sur internet, à faire de la promo et des connections. J'ai probablement fait tous les tafs que tu peux imaginer mais je préfère faire mon propre truc, être mon propre patron. Je vis plutôt bien grâce au rap mais j'ai quelques business LEGAUX parce que le rap jeu est bieeeen plus lent qu'à l'époque où j'ai commencé. Mes seuls hobbies sont lire des bouquins et regarder des films je dirais. Mais ce que je préfère c'est m'éclater avec ma fille.

D : A quoi ressemble la scène rap ces temps-ci à Huntsville et dans l'Alabama ? Qui est ce que tu soutiens ?

G : Pour moi, Huntsville est un gros pôle underground en ce moment. Ce que je veux dire, c'est que tout le monde met la main à la pâte pour la ville, personne ne déconne vraiment à essayer de se trouver un contrat parce qu’on à pas besoin des majors pour faire de l'argent... on fait de la bonne musique et on gère sérieusement le business. Huntsville est une ville axée sur la technologie, alors avec la musique qui est devenue ENTIEREMENT digitale maintenant, je pense qu'il y a une nouvelle approche de l'industrie pas uniquement des artistes d'Huntsville mais de tous les artistes de l'Alabama tout simplement. Il y a une mentalité communautaire à un point pas possible ici. On sait s'adapter à notre époque mais on reste fidèle à ce qu'on est, ce qu'on fait.
J'SUIS DOWN AVEC TOUT LE MONDE !!! Comme j'te l'ai dit, je suis dans le coin depuis le début des 90s alors on a fait des trucs avec certains des premiers groupes et artistes de l'Alabama comme ROA & Red Light District, Rawlo B, Public Domain, Po Boi et TamTam... The Superking, Secret circle.... awww mec, Deuce Komrads, 6Tre, CNile ! Et bien sur l'ancien Last Mr Bigg et Birmingham J. On était tellement ! Maintenantje vois des mecs comme MP the Wizard prendre du poid, G-Side, les Block Beattaz, Jackie CHain, King David, Artillery South, KD... Mon frérot Bentley... J'connais presque tous ces mecs d'une façon ou d'une autre. Comme on dit, y'a jamais que 6 degrès de séparation entre deux personnes.

D : Certains mecs d'Huntsville et de l'Alabama comme Yelawolf  ou G-Side commencent à recevoir beaucoup d'attention en ce moment. Ça met un peu en lumière la scène locale ou ça n'a rien changé? 

G : En fait, les majors ont toujours eu un œil vers ici parce qu'ils connaissent l'histoire musicale de l'Alabama. Ils se rappellent de toutes ces pépites bien cachées que ce soit dans le R&B, la country le gospel ou le blues. Maintenant ils voient notre scène rap s'épanouir et ils ne comprennent pas comment on arrive à faire ça sans eux.
Donc les majors n'ont pas vraiment d'impact sur nous mais je pense que les gens d'ici qui voient Yela devenir célèbre ou Jackie Chain tourner à mort sur MTV ou 6Tre sur 106 sont poussés à muscler leur jeu pour faire briller l'Alabama à la face du monde sans se faire saigner à blanc par les majors.

D : Les mecs du coin ont des dates dans d'autres états ? Ou même à l'étranger? Comment le reste du monde voit tout ce truc de l'Alabama ?

G : Ouais carrément, mais il en faut plus ! Je félicite G-Side pour avoir défriché le terrain pour ces concerts à l'étranger, je parle de plusieurs semaines à la fois, seulement en se donnant sur internet !
Pour ce qui est des gens qui ne sont pas du coin, ils ont l'air d'adorer ce qu'on fait parce qu'ils téléchargent tout ce qui est gratuit et ils n'hésitent pas à faire chauffer le paypal quand c'est le moment de payer. Ils nous réclament pour leurs soirées, les DJs veulent qu'on leur envoi de la musique. Et je pense que c'est parce qu'on fait quelque chose de complétement différent de ce qui est populaire à la radio ou sur les chaines musicales.

D : Parle-nous un peu de ta carrière. De quels projets est tu le plus fier ? A quoi on peut s'attendre prochainement ? Avec qui aimerais-tu bosser? 

Comme je te l'ai dit, j'ai commencé avec le groupe le plus politiquement incorrect de l'Alabama Slave Camp qui était un genre de Public Ennemy version sudiste, vers 94, 95. On a taffé dur et fait de gros trucs en Alabama, Tennessee, Missippi et au Kentucky. Après ça j'ai fait mon truc en solo avec SODC Records qui distribuait avec Select O Hits et je me suis plutôt bien débrouillé. Vers 2003 j'ai lancé Alabama Hustle, je ne faisais que lâcher des mixtapes et voyager beaucoup, me faire des relations. J'ai GRAVE développé mon truc au Texas (dédicace Swisha House DJ Big Redd à H-Town). J'ai commencé à faire des trucs par çi par là avec les Block Beattaz ensuite j'ai connecté avec DJ Burn One à Atlanta vers 2007. On a lâché "Smoke Some Kill" en 2008 et j'y ai pas trop repensé.
Mec, j'aime tout ce que j'ai fait, je vais pas te mentir si j’aime pas ça part à la poubelle. J'essaye de pas faire la même chose tout le temps alors je suis juste fière que les gens apprécient ce que je fais et le fait qu'ils attendent fébrilement ce que je vais faire ensuite.
C'est mon kiff ! 
La suite c'est un street album avec Bentley & SLASH qui s'appelera "Crime Potnaz". Ce sera comme le Fugees Score album, un film musical. Je vais probablement aussi sorti la quatrième partie de la série ALABAMA HU$TLAZ avant la fin de l'année. Peut être qu'on peut faire un autre Late Nite Ridin Musik pour Thanksgiving (tu vois ce que je veux dire lol). Dès que nos emplois du temps à Burn One et à moi sont compatibles on fera un autre projet complet (comme "Sunday on da Porch") avec toute sa prod "Above the Law". Et je ferais des featurings avec n'importe qui hum, donc si tu lis ça et que tu veux un couplet ou un refrain, on a qu'à s'y mettre.
Je veux bosser avec beaucoup de gens, juste comme ça, je veux des prods de DJ Quik. Je veux faire des trucs avec Big KRIT, Bun B, E 4O, Zro... 8Ball & MJGn Killer Mike. J'ai encore jamais fait un son avec Last Mr Bigg. Et je veux bédave avec Curren$y, qu'on fasse de la musique ensemble ou pas, j'ai l'impression que c'est le même genre de fumeur que moi.

D : Je suis sûr que pas mal de gens t'ont déjà dit que tu sonnais un peu comme une sorte de Nate Dogg du sud. En tant que musicien, quelles sont tes plus grandes influences?

G : Ouais, j'entends ça tout le temps, lol. Et bien mon père jouait de la guitare et du piano sans partition et il était DJ en club et en radio, alors c'est lui qui m'a amené au monde de la musique avant même que je sache parler ou marcher. Ensuite il y a, genre, 40 Water, je suis du style "B.R, Before Rap", donc des trucs comme Parliament, Cameo et Prince... Michael Jackson, Alexander Oneal, the Time... Eath Wind & Fire... tout un tas de trucs. Le premier album que j'ai possédé c'était Musical Youth (ces gamins qui chantaient "Pass the Dutchie"). D'un autre coté j'ai écouté des trucs comme KISS, les Stones, Journey. Thomas Dobly, Men at Work, Pink Floyd, ce genre de trucs. Après quand Run DMC et LL sont arrivés j'ai lachés tous les autres styles de musique, lol. Mon kiff c'était Kane, Kool G Rap, Slick Rick, Public Enemy, NWA, Ice T, 2 Live Crew, Too Short, les Geto Boys, Spice 1, toute la période 82-92 mec ! Mais ma plus grande influence c'était probablement Pete Key & Cowboy deux des négros les plus vrais qu'on ait jamais connu, avec leur groupe The Unique Boys à la fin des 80s. Ils venaient de chez moi et ont déchiré tous les concours de talents et se sont produit à la patinoire. On est toujours potes encore aujourd'hui.

D : Maintenant quels sont tes objectifs dans ce rap jeu? Tu serais intéressé par le fait de te faire signer ou tu préfères rester indépendant?

G : Je veux juste continuer à sortir de la musique de qualité tant que le Seigneur me le permet... Me faire de l'argent et prendre soin de ma famille, et voire mes partenaires prendre de l'importance et prospérer.
 Si je peux gérer un deal ou je suis signé et payé mais avec lequel je peux rester indépendant et faire ce que je veux, pourquoi pas?

D : Tu joues d'un instrument ou tu à déjà travaillé avec des musiciens instrumentaux ? Et comment les gens extérieurs au rap réagissent à ta musique ?

G : Je m'amuse au piano, mais rien de sérieux, lol. Je me démerde bien à la batterie par contre. J'avais quelques guitares basses et des claviers sur quelques chansons, j'ai aussi fait des concerts avec quelques groupes instrumentaux.
La réaction du public à toujours été excellente et c'est une bénédiction pour moi. L'amour l'emporte toujours sur la haine de toute façon. Surtout que je n'ai jamais essayé de faire ce qui marche. J'avais l'habitude d'aller à ces showcases de songwriters juste pour m'inspirer et écrire un peu de country et de R&B et tous ces écrivains sérieux venaient me voir pour se renseigner sur le rap. Ils suivent ce que je fais et ça me souffle complétement.

D : Ah ouais pas mal ! Alors a quoi on doit s'attendre dans un futur proche de ta part ? Ou est-ce que tu seras dans les prochains mois/années?

G: Attends toi juste à plus de bonne musique et à moi aidant quelques mecs à sortir leurs trucs. J'essaye de préparer mes premiers voyages à NY et en Californie bientôt et mettre ça à profit. Si Dieu le veut je vais vraiment utiliser mes passeports à bon escient avant la fin de l'année. Et fumer de la bonne merde en même temps. J'suis comme les JETS, Just Enjoying This Shit !

D : Ok, maintenant, une des raisons pour lesquelles ta musique ma touchée, c'est que contrairement à 99% des rappeurs modern tu essayes toujours d'attaquer des thématiques politiques et sociales. Est-ce que tu penses que le rap et le hip-hop peuvent toujours servir à éduquer les masses? Quel message voudrais-tu transmettre?

G : Je pense que c'est toujours le cas, c'est juste qu'on ne nous force pas à l'entendre comme tout le reste. Il y a toujours des artistes qui essayent de donner au gens cette nourriture de l'esprit. Par exemple, Killer Mike viens juste de sortir un EXCELLENT album ! On doit juste trouver l'équilibre dans notre art et arrêter de tout faire sonner comme un seul et même disque. Tout le monde est en mode teuf en ce moment, à s'éclater, mais tout le monde ne s'éclate pas, il ya des gens qui souffrent pas seulement à cause de mauvaises situation financières, mais par manque d'éducation et d'opportunités. Bien sûr, on a inventé cette musique pour faire remuer des culs mais on a aussi de la musique qui transmet de la sagesse. Sans des groupes comme Public Enemy et BDP, j'en aurais rien eu à faire de la conscience Noire, en tout cas pas plus que ce qu’ils nous enseignent à l'école. Mais je pouvais aussi mettre du Shy D et avoir une meuf en train de danser sur moi avec des gros médaillons en forme d'Afrique et tout, lol ! On doit juste retrouver cet équilibre. Maintenant les gens font comme si c'était craignos d'écouter Jeezy et ensuite de recevoir le message d'un Talib Kweli.
En ce qui me concerne, je sais pas si j'ai vraiment un message en soi, je partage juste ce que les leçons de la vie, les miennes, celles de personnes proche de moi, mais peu importe la situation ou les circonstances, j'espère que je peux éclairer les problèmes qu'une personne traverse et les aider à choisir leur voie.

D : Alors qu'est-ce que tu penses de la majorité de ces rappeurs (connus et inconnus) qui ne parlent que de trucs matérialistes ? Y a-t-il toujours une place pour les problèmes important dans le rap d’aujourd’hui, particulièrement dans le Sud ? (je ne parle pas de l'industrie, évidement ce n'est pas dans leur intérêt d'éduquer les gens)

G : Tout ça repose sur nous ! Si on veut voir les choses changer, il faut qu'on réclame ce changement. Beaucoup de rappeurs sont cultivés mais ont rendent leur truc stupide pour rentrer dans le moule, comme si être intelligent était synonyme de lavette. Ouais, on ne demande pas à nos artistes d'éduquer les gens. On ne leur demande pas de s'investir dans leur communauté. On ne leur demande pas d'en avoir quelque chose à foutre de quoi que ce soit à part leur prochain tube. Comprends moi bien, je n'ai rien contre les paroles matérialistes, c'est ce que les MCs font depuis le début, fanfaronner à propos de leur DJ, parler d'eux et d'à quel point ils étaient cools et de tous les trucs (fringues, bijoux, voitures, etc) qu'ils possédaient. Mais les mêmes MC allaient aussi parler des problèmes de leur communauté. NWA et les Geto Boys étaient deux des groupes les plus gangsta de tous les temps, mais ils étaient politisés. A Tribe Called Quest parlaient beaucoup de cul mais (en tant que membres de la Zulu Nation)  étaient aussi très conscients. Je dis ça pour dire... Où est le Chuck D de 19 ans? Où est le 2pac de 19 ans?  Où est le X-Clan de 19 ans ? On doit faire savoir à cette jeune génération qu'il n'y a rien de mal à s'éduquer ou à porter les gens plus haut. Y'a rien de craignos dans tout ça !

D : Je me rappelle de Bun B qui soutenais Occupy Houston, et au même moment ST2Lettaz (de G-Side) disait "Je ne vais pas occuper Wall Street je vais occuper ta rue". Comment une personne noire, qui vient de l'Alabama, un endroit qui était salement raciste, perçoit ces mouvements de contestation qui se répandent dans le monde entier, et qui sont (malheureusement, à mon avis) majoritairement blancs en Europe et aux U.S ?
Peut-on toujours trouver de la contestation politique dans les communautés noires, dans un endroit comme celui où tu habites?
Je pense évidemment à des gens comme Angela Davis, qui vient elle aussi de l'Alabama (Birmingham), et à récemment été conviée à l'université de Bruxelles pour recevoir un prix.

 G : Tout ce que je peux dire c'est, TOUT REPOSE SUR NOUS ! On a besoin que plus de leaders noirs prennent la parole (s’il nous en reste encore).
Ces temps-ci on dirait qu'il ne reste que Al Sharpton et Farrakhan, après eux, sur qui pourront compter les noirs? On a besoin d'une direction, d'un soutien, mais ça doit être la BONNE direction et un effort de toute la communauté. Je parle de toutes les communautés noires à travers le pays qui doivent être plus responsables à propos de ce qu'il se passe là où nous vivons. Notre musique reflétait ce que l'on traversait. Par exemple, dans les années 70 pendant les manifestions pour la paix, "What's Goin On" de Marvin Gaye était un hymne... Dans les années 80 Grand Master Flash avait "The Message". Dans les années 90 quand les émeutes se sont déclenchées c'était "Fight the Power" de Public Ennemy (et "Fuck da Police de NWA"). Mais dans les années 2000, pendant l'affaire Sean Bell (ndt : jeune afro américain tué par des policiers en civils alors qu'il n'était pas armé), les tubes c'était "We Fly High" de Jim Jones & "Show Me What U Got" de Jay-z. Je ne dis pas que ce n'était pas de très bon morceaux, mais ou étaient  les chansons qui ouvraient les yeux aux gens? Qui sait, cet incident aurait pu déclencher un tout nouveau mouvement grâce à la musique. Même aujourd’hui à la lumière du chômage, des politiques corrompus, du meurtre incompréhensible de Trayvon Martin (et d'autres), notre musique ne reflète pas ce qui se passe et nous n'essayons pas d'apporter de solutions. Je pense qu'une chanson ne peut pas sauver le monde, mais elle peut faire rentrer quelque chose dans la tête des gens. Tout ce qu'il faut c'est une étincelle mec... Juste lancer un pavé dans la marre histoire de faire des vagues. 

 D : Merci beaucoup d'avoir partagé tes pensées avec nous mec ! On à presque finit,, alors si tu a quelques chose de plus à nous dire... 

 
G : Je veux te remercier pour l'interview ainsi que pour ce super projet (Late Nite Ridin Musik 2 défonce). Je veux remercier tous les fans et les soutiens, vraiment, dites à tous ces promoteurs de faire venir GMANE dans votre ville ! 

D : Je suis sur qu'on va encore lâcher des trucs lourds bien assez tôt. Alors fait gaffe à toi et roule lentement mon pote !

G : Ouais t'inquiète Dave, hold it down... #Bédave

mercredi 6 juin 2012

Chronique : Juicy J - Blue Dream & Lean Bonus Tracks

Juicy J est un de mes rappeurs préférés, au cas ou vous n'auriez pas remarqué, alors évidemment je lorsque j'ai appris qu'une dizaine de nouveaux titres "bonus" venant compléter sa dernière mixtape Blue Dream & Lean étaient disponibles encore une fois gratos, c'était un peu la bonne nouvelle de la semaine. Je suis tellement accro à sa  musique que la perspective d'une dose supplémentaire de came sonore ne pouvait que m'enthousiasmer. Mais morceaux bonus, cela ne risquait il pas de vouloir dire "les trucs moins bien qu'on a pas voulu mettre sur la tape"? Et bien non, à mon avis ça voulait plutôt dire que le Trippy Mane se soucie de notre santé et à préféré nous éviter l'overdose en nous collant pas tout dans les oreilles d'un coup, histoire qu'on y revienne. Il est comme ça Juicy J, c'est le genre de dealer qui te donne un gramme en échantillon et quand tu croit qu'il n'y a plus rien et que tu est condamné à la descente, il te file un peu de rab histoire que tu te rappelle bien qui est ton fournisseur favori.



 Drogues, femmes, violence, comme d'habitude on ne sort pas de la sainte trinité du rappeur de Memphis et on ne va pas s'en plaindre. Certes on est plus dans de la trap que dans le son originel de la Three 6 Mafia, mais on retrouve comme toujours une vibe d'une violence rare, une sorte de souffle épique menaçant qui échauffe le sang et fait remonter à la surface nos pulsions les plus inavouables. On peut remercier pour ça Mike Will, Jahlil, Sonny Digital, Lex Luger ou encore Space Ghost Purrp qui délivrent des prods collant parfaitement à l'univers psychotique du rappeur. Les morceaux bien que tous, euh... violents, sont variés et offrent un bon aperçu du personnage. Je conseillerais d'ailleurs au réticents à la tolérance encore peu développée de commencer par cette dose plus faible qui leur permettra de découvrir le délire de façon plus digeste qu'en s'enfilant une mixtape entière. Avant bien sur de se retrouver accro et de passer à une consommation plus régulière.



 Ce qui est fascinant chez Juicy J c'est que ce n'est pas un vilain garçon parce que sa maman l'a élevé seule ou parce que le système est injuste, mais juste parce que c'est comme ça, c'est tout, il s'en bat les couilles et si ça te déplait il t'enfonce un glock dans la bouche et te pète les dents avec. De fait, sa musique est probablement ce qui se fait de plus ignorant, misogyne et cynique ("elles avalent mes enfants, c'est pour ça que j'en ai pas", sérieusement ?) même dans un milieu dominé par d'éminent tarés comme Gucci Mane et Waka Flocka et c'est cette démesure qui la rend si efficace.
 Au final, la question n'est pas de savoir si c'est bien ou pas, on est au delà de ça, mais plutôt si vous allez avoir le courage de télécharger ce truc et de faire péter un plomb à votre entourage en blastant quelque chose de trois fois plus violent et immoral que le pire métal norvegien que vous pourrez trouver. Moi je vous le recommande chaudement en tout cas.

lundi 4 juin 2012

Chronique : G Mane - Late Nite Ridin Muzik EP 2

 Si vous avez longuement parcouru ce blog et vous êtes délectés du moindre post (et je n'en doute pas) vous vous rapellez sans doute que j'avais chroniqué un petit projet gratuit du partner G Mane, et que j'avais trouvé ça très bon. C'était par ailleurs partiellement produit par Dave Luxe, un prodo belge dont j'ai aussi pas mal parlé. Et bien ces deux là remettent le couvert pour le second opus, et cette fois c'est encore meilleur.

 C'est toujours du Country pur jus, en provenance direct de l'Alabama, on imaginerait d'ailleurs bien une petite collaboration avec l'autre poids lourd country du moment, KD (allez pécho sa tape avec Burn One si ce n'est pas deja fait). Les production sont lourdes, entêtantes, avec ce coté "moite" si caractéristique du sud, les instruments foisonnent et la voix de G Mane, chaude, grave et mélodieuse s'y adapte parfaitement avec pour résultat une musicalité qui rendrait presque inutile de s'attarder sur les paroles : immanquablement, la nuque rentre en action, la tête bouge de gauche a droite, de bas en haut, comme sur un classique d'UGK ou des Geto Boys. D'ailleurs l'influence est plus que palpable : Dave Luxe nous fait le plaisir de retravailler légèrement l'instru du morceau légendaire de la clique de Scarface, "My Mind's Playin Tricks On Me" sur "Off Ya Mind" et c'est tout à fait à la hauteur de l'original. On retiendra aussi l'ouverture du projet, "Fly (Passport Flow), une ballade enfumée portée par une guitare lancinante.
 En fait on retiendra tout simplement tous les morceaux tellement la qualité est au rendez vous. Le flow, les refrains, les lyrics... tout est au poil, et en plus les sons sont variés, comme le prouvent l'entrainant "AMG", le plus péchu "Grind" ou le mélodieux "Money Machine".

 Rares sont les projets à l'heure actuelle qui sous des dehors aussi humbles ( 6 titres, 5 prodos, un petit instrumental en guise d'outro) sont capables d'installer aussi vite une atmosphère prenante à ce point : lancez le son, fermez les yeux vous êtes dans une Cadillac ou une Chevy, il fait nuit, chaud, vous êtes vaguement défoncé... convainquant non ? Ces gens là font de la musique par passion et ça se sent. Personnellement rien ne me comble plus alors je vous enjoint à supporter un max tout simplement en téléchargeant le bouzin, on a vu plus contraignant !