mardi 18 décembre 2012

Cours de rattrapage : Mixtape Game

Janvier arrive à grand pas, et comme vous le savez, chez les nerds du rap comme moi c'est la longue et éprouvante saison des Tops : qu'il s'agisse d'étaler à la face du monde ses goûts indubitablement supérieurs ou s'adonner avec obsession au classement par pur plaisir, tout le monde s'y met. Mais maintenant, la nouvelle mode, c'est justement de ne pas faire des tops, de faire des trucs différents, et comme je suis trop chaud et trop en avance j'ai décidé moi aussi de me démarquer du reste de ce Blog Game, en optant plûtot pour un petit cours de rattrapage.

2012 à été pour moi l'année de la prise de conscience, de l'acceptation complète que j'ai beau avoir un passif de backpacker prépubère fan du Wu, je suis rentré dans une autre période de ma vie. Une période ou j'écoute de la Trap Music violente et immorale TRES FORT et sans aucun remord. Par conséquent, je suis très loin d'avoir parlé ici de toutes ces mixtapes du feu de dieu qui ont rythmé l'année. Commençons à réparer ces oublis sur-le-camp !

Oubli numéro uno : Young Dolph - Blue Magic



Le Jeune Dauphin, c'est la nouvelle coqueluche de Memphis, le prochain Yo Gotti. Qu'est ce qui me fait dire ça ? Deja sa popularité là bas, et ensuite ce massacre en règle que constitue ce Blue Magic. Energie illimité, flow retardé mental qui devient mortellement acéré sans prévenir,  voix reconnaissable entre mille, science des refrains vénères et sans concession et choix de prods plus qu'efficaces... Young Dolph c'est un peu le croisement entre l'autre Trappeur du Tennesse, Starlito et Armstrong, dangereux animal Floridien dont je parlerais plus tard. Il est deja soutenu par les DJs qui comptent, et les trappeurs de haut calibre tels que Gucci Mane ou Juicy J, ne passez pas à coté de ce futur phénomène.

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Oubli numéro deux : Armstrong - Silence Of The Lambs & Kold World Kold Blood





Si moi ou d'autres ne vous introduisiez pas à Armstrong à l'heure actuelle, vous n'en entendriez probablement jamais parler : en effet l'homme, qui tire son nom de son bras semi parlaysé suite à un balle ayant eu la mauvaise idée de s'y loger, s'est avéré être à la tête de la plus importante division du gang des Bloods d'Orlando, Floride. Arrêté il y a quelques semaines par les fédéraux pour trafic de drogue, bande organisée, meurtres et autres joyeusetés, il ya bien peu de chances qu'il redevienne un jour ou l'autre un homme libre. Avec un tel passif, pas étonnant que son flow et ses textes soient empris d'une telle hargne, d'un jusqu'au boutisme nihiliste qui, si il lui assurent probablement une place de choix en enfer, font de lui un rappeur exceptionnel dans le genre. Chérissez ces deux mixtapes, ce sont sans doute les dernières qu'il nous offre...

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Oubli numéro 3 : Ice Burgandy - Progress Involves Risk Unfortunately & Burberry Burgandy





Ice Burgandy, c'est le dernier membre en date de Brick Squad Monopoly, l'équipe intouchable de Gucci Mane et Waka Flocka. Encore relativement discret (à défaut de beaucoup apparaitre sur leurs mixtapes, il participe tout de même intensément à leur tournées live) il a pourtant marqué l'année trap de sa marque, même si peu de gens le savent. Sa mixtape P.I.R.U est en effet un classique instantané du genre. Ice et son producteur attitré Purp apportent leur touche West Coast à la Trap telle qu'on la connait et le résultat est explosif : hyper énergique et entrainant on se retrouve à s'ambiancer sur sa chaise comme un petit fou en l'espace de quelques seconde. Burberry Burgandy est du même accabit, mais parcontre fuyez comme la peste ses morceaux orientés meufs, subitement ca devient de très mauvais goût.

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Oubli numéro 4 : Alley Boy - Nigganati & The Gift Of Discernement





Avec sa mixtape Nigganati, et plus particulièrement son ambitieuse successeuse The Gift Of Discernement, le natif d'Atlanta dévellope une musique solide, très très puissante et variée qui contrairement à la plus part des productions du genre n'hésite pas à se diriger vers des thèmes "conscients", entre deux déclaration d'amour à la drogue et de guerre aux balances. Avec ça, le poulain de Duct Tape Entertainement s'est fait une place de choix dans le paysage, et se permet moulte collaborations avec le gratin de la Trap et du rap en général comme ici Pusha T ou Gunplay. On le retrouvera en 2013 avec le boss de No Limit, Master P et le rejeton de Chicago Fat Trel pour un projet en commun qui a mon avis va briser des jambes et achever de faire d'Alley Boy un vrai poid lourd indépendant.

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Oubli numéro 5

RiFF RaFF & Dame Grease - Hologram Panda





RiFF RaFF. Bon ca ne répond pas à la définition stricte de la Trap, mais on ne va pas chipoter. On me regarde souvent avec des gros yeux quand je montre des clips de lui au gens, mais la vérité c'est qu'il ne s'agit pas d'un effet de mode, ou d'un truc qu'on écoute au seconde degrès. C'est LE FUTUR mes amis. Le mec est tellement prolifique que la qualité n'est pas toujours au top, mais allez écouter cette mixtape, ouvrez vos chakras, votre troisième oeuil, laissez vous envahir par la Révélation : ça tue à tous points de vue. Je n'ai rien d'autre à ajouter, je suis sérieux, écoutez ce mec le plus souvent possible pour votre propre bien.

dimanche 16 décembre 2012

Dave Luxe & A.F.A.C - Bama 2 Brussels

Si vous suivez ce blog régulièrement, vous savez deja que je suis complétement partial en ce qui concerne le homie Dave Luxe. Le prodo belge, qui nous avait laché quelques petites ogives en collaboration avec G Mane, et balance actuellement des mixtapes au petits oignons regroupant tout ce qui déchire actuellement en son sudistes hors trap (les compilations Drive Slow Homie) de façon très régulière, prend du poid et ça me fait beaucoup, beaucoup plaisir. D'une part parcequ'il est belge et qu'il s'impose dans cette scène outre atlantique, d'autre part parceque je ne resiste tout simplement pas à ses productions classiques, efficaces et léchées.

La scène Country Rap n'a plus l'importance qu'elle pouvait avoir quand il s'agissait tout simplement du seul rap sudiste existant, mais elle est extremement vivace et l'investissement sans faille du comparse Dave Luxe pousse encore un peu plus les choses dans le bon sens, alors forcément je me suis rué sur son nouvel EP avec A.F.A.C, que personnellement je ne connaissais pas (je vous dit qu'il fait découvrir des trucs !). Si vous aviez écouté les petits projets avec G Mane, vous savez de quoi le bonhomme est capable, mais là on a clairement passé un cap !
Ca défonce juste beaucoup trop, y'a pas d'autres mots, je vais même pas me fatiguer à vous détailler le truc, il faut que vous téléchargiez ce machin, l'écoutiez, le réécoutiez, et le faites écouter à vos amis. A mon avis, Dave Luxe est aujourd'hui capable de produire des tueries aussi bien qu'un Burn One, c'est dire. Reste à voir si cela va se savoir, mais vu l'accueil que lui réserve la scène, et ses fréquentes collaborations, je suis pret à parier que les choses ne s'arreteront pas en si bon chemin !

Allez go go go --> Télécharge vite et conduis lentement !

mercredi 14 novembre 2012

Yasound !

Juste un petit billet pour annoncer que je me suis inscrit sur le site Yasound qui permet de créer une parfaite petite webradio en deux temps trois mouvements... Donc voici la mienne :

https://yasound.com/radio/53d61f215b204546a298aad152bc9594/

Vous pourrez y retrouver à terme l'intégrale du rap que je peux écouter, et donc bien évidemment tous les projets dont je parle ici. La playlist est deja asez fournie, ya de la trap avec Gucci, Juicy J, du Armstrong, du rap spé comme j'aime genre Danny Brown, des oldschools du style Tupac ou AMG, les albums du moment tels que le Kendrick Lamar, du new yorkais (Lloyd Banks, French Montana, le Fizzology de Termanology et Lil Fame de M.O.P...) du west coast, des country rap tunes... bref y'en a pour tous les gouts faites vous plaisir !

A terme l'ambition est d'en faire la playlist rap la plus fournie et du meilleur gout possible, sans limitations de genre, un truc inégalé !

Enjoy !

lundi 15 octobre 2012

A l'écoute : 100s - Ice Cold Perm (Chopped & Screwed)

 L'excellent "Ice Cold Perm" du jeune rappeur californien 100s a bénéficié ces derniers temps d'un gros buzz et d'un très honorable succès critique... si vous en vouliez encore, un certain Y.Beez en propose une version "Chopped & Screwed", c'est à dire savament ralentie et travaillée à la manière du grand DJ Screw. La raison initiale de la popularité d'un tel traitement ? Apprécier la musique encore plus intensément sous l'effet d'une grosse défonce aux plantes ou au sirop pour la toux. A cerveau ralenti, musique ralentie !
Un aperçu ci dessous, et l'écoute intégrale >>ici<<

mardi 9 octobre 2012

A l'écoute : Selection style "combinaisons mortelles"

Généralement, quand on parle de rap, les meilleurs featurings sont ceux associants des artistes proches à la complémentarité maintes fois éprouvée, qui, gravitant dans les mêmes cercles finissent toujours par défoncer la prod comme chacun s'y attendait. Parfois pourtant, s'associent des artistes que rien ne prédestinait, ou si peu, à combiner leurs forces et qui pourtant nous livrent à deux des morceaux incroyables sur lesquels opère une alchimie surprenante. Ce genre de collaborations plus ou moins innatendues font particulièrement mon bonheur et c'est pourquoi j'ai décidé de vous livrer quelques uns de ceux qui m'ont le plus marqué ces derniers temps. Rien de bien surprenant ni de très nouveau, mais c'est certifié 100% morceaux qui défoncent.

Tout d'abord, bon, Gucci Mane et Future sont tout les deux natifs de la belle ville d'Atlanta, Géorgie, donc de la a dire qu'un gouffre les sépare ce serait exagéré, mais comment résister a une telle combinaison ? Cette track issu de leur projet commun "Freebricks" ma suffisament traumatisée pour tourner encore très régulièrement dans mes lecteurs plusieurs mois après la sortie de la tape.



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ASAP Rocky & Schoolboy Q, voila un duo qui ne surprendra pas trop les amateurs de rap spé tendance nouvelle vague qui monte, qui monte. Si on devait encore douter du potentiel de ces deux là, ce fabuleux "Hands On The Wheel" et son refrain samplé inoubliable remet les pendules à l'heure. Oui oui, c'est branché, même les petits de ton quartier écoutent ce morceau, Rocky il passe au Social Club... On s'en tape ouvrez vos esgourdes et appréciez.



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Ca parcontre, c'est de l'alliance contre nature. L'espoir du rap west coast recherché et la furie cocainé de l'écurie MMG ? Je suis pas le premier à le dire, mais probablement un des meilleurs morceaux de l'année. La prise de risque ça paye.



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Encore un duo de fou ! Le gros Bronson, sa barbe rousse, et son style qui selon les médisants rapellerai bien trop Ghostface, une prod du petit génie Harry Fraud et Riff Raff, le Texan au style disons, cartoonesque, c'était pas forcément un mélange très safe à la base (méfiez vous des interactions entre les produits les enfants!). Et encore une fois ça tue sur toute la ligne. La encore un de mes morceaux récents préféré.


Action Bronson x Riff Raff "Bird on aWire" Official Video from Max Albert on Vimeo

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Pour finir, le combo du rap présumé mongol de 2 Chainz (vous savez, le clip avec les gros culs et les gateau d'anniv') et de celui plus feutré de l'ex Young Money Curren$y pour ce qui est un des temps forts de l'excellent "Stoned Immaculate" du natif de la nouvelle Orléans. Cette ligne de basse, merde !


mercredi 3 octobre 2012

Chronique : Z-Ro - Angel Dust

L'évocation de Z-Ro, de son vrai nom Joseph McVey devant des amateurs de rap non spécialistes du Sud n'évoquera probablement rien. Quand bien même les noms de Bun B, Pimp C, Outkast ou Geto Boys ont réussi à s'inscrire dans les mémoires collectives en tant qu'acteurs majeurs du rap, Z-Ro fait figure d'éternel oublié, au point que le New York Times le considère a juste titre comme un des rappeurs les plus sous estimés des Etats Unis.
 Actif depuis le milieu des années 90, affilié a tout ce que le Texas compte de rappeurs légendaires, a commencer par le collectif Screwed Up Click, nébuleuse d'artistes gravitant autour de l'incontournable DJ Screw, le manque de présence du Texan sur les radars musicaux s'explique probablement par l'absence d'album totalement renversant a son actif. Z-Ro n'est pas un game changer, il n'a pas révolutionné la musique sudiste. Mais c'est peut être pour ça qu'il est un de ceux qui l'incarnent le mieux.



 Angel Dust est le dernier en date d'une série de projets empruntant chacun le nom d'une drogue, qui a un moment ou un autre a probablement transitée entre les mains de McVey. Celui çi est en effet tristement coutumier des allers-retours en prison. Loin de s'en taper comme le ferait un Gucci Mane, Z-Ro aborde dans les textes de cet album un certains nombre de thèmes importants, entre quelques bravades va-t'en-guerre et une track à la forte teneure sexuelle ("Dicconu" qui n'est pas a mon avis un des points fort de l'album), tels que la paternité, la prison, les séparations amoureuses et en général la difficulté d'aborder un quotidien pas toujours ensoleillé.

C'est clairement dans cet exercice que l'artiste excelle : sur Truth Is, Today, Young Nigga et d'autres morceaux il dispense sans moralisme ni misérabilisme son expérience et sa philosophie qui rendent ses textes particulièrement intéressants sans pour autant être très complexes dans la forme ou le propos. Divertissants par leur teneur gangsta, mais capables de faire réflechir, on retrouve ici un peu de ce qui faisait aussi la force de 2pac : un esprit conscient (à ne pas prendre dans le sens galvaudé "rap conscient", ce n'est pas de cela dont ils'agit) pris dans un mode de vie dangereux et difficile (on retrouve d'ailleurs cette référence sur le morceau "When I Get Free".



L'autre particularité de Z-ro, qui en fait un rappeur unique, c'est sa voix incroyable. La comparaison inévitable, c'est évidemment Nate Dogg, mais Z-Ro n'a rien d'un clone. Non seulement sa voix à une identité propre, mais elle s'aventure aussi bien dans des refrains chantés extrèmements groovy que sur les couplets ou elle ajoute encore de la puissance au rap rapide et bondissant qui est le sien. Ajoutons à cela des productions à la forte saveur locale et le résultat est exactement ce qu'on peut attendre d'un album sudiste : une forte musicalité, beaucoup d'énergie, et ce coté blues directement tiré de l'héritage local.



Bon, bien sur, tout n'est pas parfait sur ce "Angel Dust", les morceaux se ressemblent souvent beaucoup, certains sont dispensables, on est pas vraiment dans l'expérimentation musicale c'est sur. Mais si il ne s'agit toujours pas d'un chef d'oeuvre absolu, c'est sans conteste un album à écouter sans y réfléchir une seule seconde pour les amateurs de vrai rap, efficace et intelligent. Un retour aux bases de ce qui fait la force du rap Houstonien, un produit sans concession avec écrit "REAL SOUTH" en gros et en relief dessus. Petit plus enfin, les featurings d'autres poids lourds locaux comme K-Rino ou Lil Flip sont dans la même veine : "Grown man rap music".

vendredi 21 septembre 2012

Chronique : 100s - Ice Cold Perm

Mais qui est 100s ? Si vous êtes familier de la scène rap de la Bay Area, cet eldorado du rap West Coast, vous avez sans doute vu apparaitre ces dernier temps une énigmatique pochette affichant une troublante ressemblance avec le classique "Tha Doggfather" de Snoop Dogg. Le jeune homme sur la photo, affichant une impeccable chevelure lisse et un regard froid comme la glace est, il faut bien l'avouer, un total inconnu. Les informations a son sujet sont rares, on peut lire qu'il a 19 ans, vient de Berkeley et est entièrement produit (à l'exception de l'outro) par Joe Wax, un producteur local ayant officié pour Main Attraktionz ou encore Lil Rue, et c'est a peu pret tout. Et pourtant ce premier projet, sorti tout droit d'on ne sait où et disponible gratuitement est indubitablement une des sorties majeures de cette rentrée 2012.



La première fois que j'ai entendu la voix de 100s, je rentrais d'une soirée bien arrosée et m'adonnais rituellement à une scéance d'exploration musicale, histoire de tuer le temps et de laisser la fatigue s'installer. Après avoir écouté quelque sons par ci par la, je suis tombé sur le clip de "Slow Drip". J'ai tout de suite été happé par cette ambiance enfumée, cet instrumental hypnotique et vaguement menaçant, et par la prestation glaciale du jeune rappeur. Dans la semaine qui a suivi, j'ai du écouter l'album plus d'une quinzaine de fois, dans le métro, sur ma chaine Hi Fi, en soirée, en me faisant a bouffer...

Premiere raison à cet engouement, les productions d'orfèvre qui donnent sa couleur au projet. Influencé par tout ce qu'on peut entendre dans les clubs et aux coins de rue d'Oakland et de San Fransico, que ce soit les ryhtmiques hyphy, les synthés entêtants ou les basses rampantes indispensables pour faire vibrer correctement le coffre d'un lowrider, Joe Wax livre ici des beats hybrides, froids dans les mélodies, chauds dans les basses fréquences, saturés d'hi hats, de rimshots, de son de cloches, de gros claps et pourtant étrangement minimalistes. Le résultat est une succession de morceaux variés, surprenants (on a même droit a une très réussie incartade ragga), avec pourtant au final une grande cohérence tout au long du projet. Un grand travail de producteur avec une identité forte donc.

Sur ces sons à la fois référencés et terriblements comptemporains vient se greffer le timbre de voix acéré et confiant du californien, plein d'une agressivité retenue, qui débite aux fils des refrains et des couplets une habileté pour le rap sidérante pour quelqu'un de son age dont personne n'avait jamais entendu parlé. 100s habite les morceaux d'un flow sans artifices, aux placements impeccables et s'adaptant aux instrus dans une totale complémentarité avec le travail du producteur et surtout un grand charisme.

Ce charisme si prononcé s'explique rapidement après quelques écoutes : 100s est un player inconditionnel, un pimp du 21ème siècle dans toute sa splendeur. Ici, pas de réference au trafic de drogues, aux meurtres, ou aux thématiques sociales, le thème récurrent de l'album est l'emprise surnaturelle qu'exercerait le rappeur sur l'esprit féminin, et on n'en doute pas une seconde. Loin d'être un playboy charmeur, celui ci se dévoile comme une froide machine à mettre des filles dans son lit et à leur faire toutes sortes de choses inavouables. Pas de sentiments, ici on parle de sexe et de pouvoir avec un cynisme assumé. Aussi immoral et éloigné de la personnalité de la plus part des gens, y comprit de la mienne, que ce soit, cette musique fait figure d'un puissant stimulant neurologique. Cette "playa music" issue d'une longue tradition de la côte ouest (Snoop Dogg, Too $hort encore...), trop souvent effacée par le gangsta rap ou les sons de strip clubs (et oui, c'est pas tout à fait pareil) dans la musique d'aujourd'hui retrouve ici ses lettres de noblesses et parfois, c'est exactement ce dont on a besoin.

A tout point de vue, cet "Ice Cold Perm" est un album fort, addictif qui réunis toutes les qualités qu'on peut attendre du rap cru d'aujourd'hui : une créativité musicale et une habilité au micro stupéfiantes au service d'une musique excitante et sans consession. Agrémenté de featurings de bon ton tels que Main Attraktionz ou Shady Blaze, mené de bout en bout d'une main de maitre, je prédit a tout ceux qui l'écouteront une durée de vie plus que conséquente dans leur bibliothèque musicale. Allez je vais me le réécouter !

mercredi 4 juillet 2012

Chronique : Doughbeezy - Blue Magic

Avec le retour tardif de l'été, il est tout naturel de chercher à écouter des trucs disons, un peu plus chill que de la trap, histoire d'accompagner ses virées en voiture, ses barbecues et ses 5 à 7 moites et crapuleux. Mais est ce que ça veut dire qu'on ne doit plus écouter que du G Funk et tourner le dos au Sud ?
La mixtape de Doughbeezy vient a point nommer pour nous rappeler qu'en plus d'être désormais la capitale mondiale du rap qui fait peur, les Etats du Sud sont aussi les specialistes de la rib sauce Jack Daniel's, du "ridin dirty" et de la détente sous un porche et qu'on peut venir de la et parler d'autre chose que de meurtre dans ses chansons. Tout droit sorti de la ville d'Houston, Texas, le jeune homme n'est pas un tueur ou un parrain de la drogue, c'est d'abord un hustler consciencieux qui pense à s'acheter une maison avant de s'acheter une voiture, et un rappeur incisif qui s'est fait remarqué pour son flow rapide,  son écriture dense et ses rhymes travaillées.



Celui qu'on surnomme "The South East Beast", et dont la réputation à Houston n'est plus a faire (il suffit de voir la liste des invités, entre Slim thug, Bun B ou Killa Kyleon le Texas est la en force) développe sur 16 tracks un univers cohérent et maitrisé, oscillants entre lourdeur minimaliste, mélodies soulfuls, et influences Country et nous offre un panorama varié mais homogène du rap Texan aujourd'hui. Les productions simples, efficaces et typiques, assurées par Basement Beat, Cardo et une tripotée d'autre dont je ne saurais vous dire grand chose honnêtement, installent une ambiance énergique sans être violente (mise à part peut être l'efficace mise en garde "Fuck You") qui sied parfaitement au gros point fort de Doughbeezy : son aisance au micro.



En effet, aussi bien dans les refrains que les couplets, c'est toujours efficace, le flow colle diablement bien aux instrus et rebondit dans tout les sens pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Pas étonnant qu'il se soit fait une réputation en freestylant : ça "kicke sec" et ça rime bien, de plus la monotonie ne s'installe jamais grace à des changement de flow permanents, rapellant tant tôt le ternaire de Memphis, un Ludacris, Yelawolf ou même Kendrick Lamar. Rien ne serait d'ailleurs couché sur papier, tout dans la tête !
Au niveau du texte, on est ravi de voir que Doughbeezy n'est pas la pour s'inventer des vies mais bien pour explorer les thèmes classiques du rap avec serieux et décontraction. Qu'il raconte son envie impérieuse de se faire pomper (et rien d'autre), la fascination qu'exerce son véhicule sur la gente féminine ou bien la nécessité faire son propre truc, travailler dur et rester droit et honnête, il délivre sa sagesse du ghetto et expose ses ambitions sans mégalomanie ni cynisme excessif à travers des textes denses aux figures de style variées.



Au final, cette mixtape tout terrain, extrêmement solide et bien ficelée, contient le mélange d'ambiances idéal pour vous suivre partout dans votre baladeur, votre autoradio ou votre chaine Hi Fi. C'est simple, ça glisse tout seul sans prendre la tête ni endormir. Personnellement, ça va tourner sec cet été et je garde un oeuil sur ses futur projets avec impatience.

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vendredi 8 juin 2012

Traduction de l'interview de GMane par Dave Luxe


Bon comme je suis un grand malade, et que je n'arrive pas à trouver un travail, j'ai décidé de m'occuper en traduisant intégralement l'interview fleuve de GMane par Dave Luxe sortie sur son site Drive Slow Homie (parmis plein d'autres trucs cools). Je ne sais pas trop à quel point ça se fait ou pas de faire ça donc d'une part je vous enjoint si vous parlez Anglais à aller directement lire l'interview en version originale, déjà parce que c'est mieux, ensuite parce que c'est quand même Dave Luxe qui s'est fait suer à la faire, pas moi; et d'autre part je suis prêt à la retirer si ça venait à poser problème à qui de droit.



Ca parle pas mal de l'Alabama, du parcours du bonhomme, mais aussi et surtout de l'état actuel du game aux Etats Unis et du manque flagrant de conscience politique parmi les rappeurs. C'est long, c'est intéressant, ça nous apprend plein de choses, bref même si votre intérêt pour l'artiste est limité c'est une super interview et il serait dommage de passer à coté.

Let's go.

Dave : Yo mec. Alors, d'abord laisse nous te présenter un peu. Qui est tu et d'où vient tu?

GMane : On m'appelle OG GMane. J'ai débuté dans les années 90 avec le groupe Slave Kamp, qui a aidé à ouvrir la voix pour le rap de l'Alabama. Je viens de Quad City/Flo-Town. C'est à Florence dans l'Alabama. C'est la ville natale du père fondateur du Blues, WC Handy. C'est aussi de là que viens le son de Muscle Shoals (les Quad Cities sont Florence, Muscle Shoals Sheffield & Tuscumba)

D : En quoi consiste un jour dans la vie de GMane? Tu as un travail ou des hobbies ? Ta musique te permet de gagner ta vie?

G : Me lever, prier, faire de l'argent ! Si je ne suis pas en train d'enregistrer ou si je ne suis pas sur la route généralement je ne fais qu'écrire et fumer. Je suis tout le temps sur internet, à faire de la promo et des connections. J'ai probablement fait tous les tafs que tu peux imaginer mais je préfère faire mon propre truc, être mon propre patron. Je vis plutôt bien grâce au rap mais j'ai quelques business LEGAUX parce que le rap jeu est bieeeen plus lent qu'à l'époque où j'ai commencé. Mes seuls hobbies sont lire des bouquins et regarder des films je dirais. Mais ce que je préfère c'est m'éclater avec ma fille.

D : A quoi ressemble la scène rap ces temps-ci à Huntsville et dans l'Alabama ? Qui est ce que tu soutiens ?

G : Pour moi, Huntsville est un gros pôle underground en ce moment. Ce que je veux dire, c'est que tout le monde met la main à la pâte pour la ville, personne ne déconne vraiment à essayer de se trouver un contrat parce qu’on à pas besoin des majors pour faire de l'argent... on fait de la bonne musique et on gère sérieusement le business. Huntsville est une ville axée sur la technologie, alors avec la musique qui est devenue ENTIEREMENT digitale maintenant, je pense qu'il y a une nouvelle approche de l'industrie pas uniquement des artistes d'Huntsville mais de tous les artistes de l'Alabama tout simplement. Il y a une mentalité communautaire à un point pas possible ici. On sait s'adapter à notre époque mais on reste fidèle à ce qu'on est, ce qu'on fait.
J'SUIS DOWN AVEC TOUT LE MONDE !!! Comme j'te l'ai dit, je suis dans le coin depuis le début des 90s alors on a fait des trucs avec certains des premiers groupes et artistes de l'Alabama comme ROA & Red Light District, Rawlo B, Public Domain, Po Boi et TamTam... The Superking, Secret circle.... awww mec, Deuce Komrads, 6Tre, CNile ! Et bien sur l'ancien Last Mr Bigg et Birmingham J. On était tellement ! Maintenantje vois des mecs comme MP the Wizard prendre du poid, G-Side, les Block Beattaz, Jackie CHain, King David, Artillery South, KD... Mon frérot Bentley... J'connais presque tous ces mecs d'une façon ou d'une autre. Comme on dit, y'a jamais que 6 degrès de séparation entre deux personnes.

D : Certains mecs d'Huntsville et de l'Alabama comme Yelawolf  ou G-Side commencent à recevoir beaucoup d'attention en ce moment. Ça met un peu en lumière la scène locale ou ça n'a rien changé? 

G : En fait, les majors ont toujours eu un œil vers ici parce qu'ils connaissent l'histoire musicale de l'Alabama. Ils se rappellent de toutes ces pépites bien cachées que ce soit dans le R&B, la country le gospel ou le blues. Maintenant ils voient notre scène rap s'épanouir et ils ne comprennent pas comment on arrive à faire ça sans eux.
Donc les majors n'ont pas vraiment d'impact sur nous mais je pense que les gens d'ici qui voient Yela devenir célèbre ou Jackie Chain tourner à mort sur MTV ou 6Tre sur 106 sont poussés à muscler leur jeu pour faire briller l'Alabama à la face du monde sans se faire saigner à blanc par les majors.

D : Les mecs du coin ont des dates dans d'autres états ? Ou même à l'étranger? Comment le reste du monde voit tout ce truc de l'Alabama ?

G : Ouais carrément, mais il en faut plus ! Je félicite G-Side pour avoir défriché le terrain pour ces concerts à l'étranger, je parle de plusieurs semaines à la fois, seulement en se donnant sur internet !
Pour ce qui est des gens qui ne sont pas du coin, ils ont l'air d'adorer ce qu'on fait parce qu'ils téléchargent tout ce qui est gratuit et ils n'hésitent pas à faire chauffer le paypal quand c'est le moment de payer. Ils nous réclament pour leurs soirées, les DJs veulent qu'on leur envoi de la musique. Et je pense que c'est parce qu'on fait quelque chose de complétement différent de ce qui est populaire à la radio ou sur les chaines musicales.

D : Parle-nous un peu de ta carrière. De quels projets est tu le plus fier ? A quoi on peut s'attendre prochainement ? Avec qui aimerais-tu bosser? 

Comme je te l'ai dit, j'ai commencé avec le groupe le plus politiquement incorrect de l'Alabama Slave Camp qui était un genre de Public Ennemy version sudiste, vers 94, 95. On a taffé dur et fait de gros trucs en Alabama, Tennessee, Missippi et au Kentucky. Après ça j'ai fait mon truc en solo avec SODC Records qui distribuait avec Select O Hits et je me suis plutôt bien débrouillé. Vers 2003 j'ai lancé Alabama Hustle, je ne faisais que lâcher des mixtapes et voyager beaucoup, me faire des relations. J'ai GRAVE développé mon truc au Texas (dédicace Swisha House DJ Big Redd à H-Town). J'ai commencé à faire des trucs par çi par là avec les Block Beattaz ensuite j'ai connecté avec DJ Burn One à Atlanta vers 2007. On a lâché "Smoke Some Kill" en 2008 et j'y ai pas trop repensé.
Mec, j'aime tout ce que j'ai fait, je vais pas te mentir si j’aime pas ça part à la poubelle. J'essaye de pas faire la même chose tout le temps alors je suis juste fière que les gens apprécient ce que je fais et le fait qu'ils attendent fébrilement ce que je vais faire ensuite.
C'est mon kiff ! 
La suite c'est un street album avec Bentley & SLASH qui s'appelera "Crime Potnaz". Ce sera comme le Fugees Score album, un film musical. Je vais probablement aussi sorti la quatrième partie de la série ALABAMA HU$TLAZ avant la fin de l'année. Peut être qu'on peut faire un autre Late Nite Ridin Musik pour Thanksgiving (tu vois ce que je veux dire lol). Dès que nos emplois du temps à Burn One et à moi sont compatibles on fera un autre projet complet (comme "Sunday on da Porch") avec toute sa prod "Above the Law". Et je ferais des featurings avec n'importe qui hum, donc si tu lis ça et que tu veux un couplet ou un refrain, on a qu'à s'y mettre.
Je veux bosser avec beaucoup de gens, juste comme ça, je veux des prods de DJ Quik. Je veux faire des trucs avec Big KRIT, Bun B, E 4O, Zro... 8Ball & MJGn Killer Mike. J'ai encore jamais fait un son avec Last Mr Bigg. Et je veux bédave avec Curren$y, qu'on fasse de la musique ensemble ou pas, j'ai l'impression que c'est le même genre de fumeur que moi.

D : Je suis sûr que pas mal de gens t'ont déjà dit que tu sonnais un peu comme une sorte de Nate Dogg du sud. En tant que musicien, quelles sont tes plus grandes influences?

G : Ouais, j'entends ça tout le temps, lol. Et bien mon père jouait de la guitare et du piano sans partition et il était DJ en club et en radio, alors c'est lui qui m'a amené au monde de la musique avant même que je sache parler ou marcher. Ensuite il y a, genre, 40 Water, je suis du style "B.R, Before Rap", donc des trucs comme Parliament, Cameo et Prince... Michael Jackson, Alexander Oneal, the Time... Eath Wind & Fire... tout un tas de trucs. Le premier album que j'ai possédé c'était Musical Youth (ces gamins qui chantaient "Pass the Dutchie"). D'un autre coté j'ai écouté des trucs comme KISS, les Stones, Journey. Thomas Dobly, Men at Work, Pink Floyd, ce genre de trucs. Après quand Run DMC et LL sont arrivés j'ai lachés tous les autres styles de musique, lol. Mon kiff c'était Kane, Kool G Rap, Slick Rick, Public Enemy, NWA, Ice T, 2 Live Crew, Too Short, les Geto Boys, Spice 1, toute la période 82-92 mec ! Mais ma plus grande influence c'était probablement Pete Key & Cowboy deux des négros les plus vrais qu'on ait jamais connu, avec leur groupe The Unique Boys à la fin des 80s. Ils venaient de chez moi et ont déchiré tous les concours de talents et se sont produit à la patinoire. On est toujours potes encore aujourd'hui.

D : Maintenant quels sont tes objectifs dans ce rap jeu? Tu serais intéressé par le fait de te faire signer ou tu préfères rester indépendant?

G : Je veux juste continuer à sortir de la musique de qualité tant que le Seigneur me le permet... Me faire de l'argent et prendre soin de ma famille, et voire mes partenaires prendre de l'importance et prospérer.
 Si je peux gérer un deal ou je suis signé et payé mais avec lequel je peux rester indépendant et faire ce que je veux, pourquoi pas?

D : Tu joues d'un instrument ou tu à déjà travaillé avec des musiciens instrumentaux ? Et comment les gens extérieurs au rap réagissent à ta musique ?

G : Je m'amuse au piano, mais rien de sérieux, lol. Je me démerde bien à la batterie par contre. J'avais quelques guitares basses et des claviers sur quelques chansons, j'ai aussi fait des concerts avec quelques groupes instrumentaux.
La réaction du public à toujours été excellente et c'est une bénédiction pour moi. L'amour l'emporte toujours sur la haine de toute façon. Surtout que je n'ai jamais essayé de faire ce qui marche. J'avais l'habitude d'aller à ces showcases de songwriters juste pour m'inspirer et écrire un peu de country et de R&B et tous ces écrivains sérieux venaient me voir pour se renseigner sur le rap. Ils suivent ce que je fais et ça me souffle complétement.

D : Ah ouais pas mal ! Alors a quoi on doit s'attendre dans un futur proche de ta part ? Ou est-ce que tu seras dans les prochains mois/années?

G: Attends toi juste à plus de bonne musique et à moi aidant quelques mecs à sortir leurs trucs. J'essaye de préparer mes premiers voyages à NY et en Californie bientôt et mettre ça à profit. Si Dieu le veut je vais vraiment utiliser mes passeports à bon escient avant la fin de l'année. Et fumer de la bonne merde en même temps. J'suis comme les JETS, Just Enjoying This Shit !

D : Ok, maintenant, une des raisons pour lesquelles ta musique ma touchée, c'est que contrairement à 99% des rappeurs modern tu essayes toujours d'attaquer des thématiques politiques et sociales. Est-ce que tu penses que le rap et le hip-hop peuvent toujours servir à éduquer les masses? Quel message voudrais-tu transmettre?

G : Je pense que c'est toujours le cas, c'est juste qu'on ne nous force pas à l'entendre comme tout le reste. Il y a toujours des artistes qui essayent de donner au gens cette nourriture de l'esprit. Par exemple, Killer Mike viens juste de sortir un EXCELLENT album ! On doit juste trouver l'équilibre dans notre art et arrêter de tout faire sonner comme un seul et même disque. Tout le monde est en mode teuf en ce moment, à s'éclater, mais tout le monde ne s'éclate pas, il ya des gens qui souffrent pas seulement à cause de mauvaises situation financières, mais par manque d'éducation et d'opportunités. Bien sûr, on a inventé cette musique pour faire remuer des culs mais on a aussi de la musique qui transmet de la sagesse. Sans des groupes comme Public Enemy et BDP, j'en aurais rien eu à faire de la conscience Noire, en tout cas pas plus que ce qu’ils nous enseignent à l'école. Mais je pouvais aussi mettre du Shy D et avoir une meuf en train de danser sur moi avec des gros médaillons en forme d'Afrique et tout, lol ! On doit juste retrouver cet équilibre. Maintenant les gens font comme si c'était craignos d'écouter Jeezy et ensuite de recevoir le message d'un Talib Kweli.
En ce qui me concerne, je sais pas si j'ai vraiment un message en soi, je partage juste ce que les leçons de la vie, les miennes, celles de personnes proche de moi, mais peu importe la situation ou les circonstances, j'espère que je peux éclairer les problèmes qu'une personne traverse et les aider à choisir leur voie.

D : Alors qu'est-ce que tu penses de la majorité de ces rappeurs (connus et inconnus) qui ne parlent que de trucs matérialistes ? Y a-t-il toujours une place pour les problèmes important dans le rap d’aujourd’hui, particulièrement dans le Sud ? (je ne parle pas de l'industrie, évidement ce n'est pas dans leur intérêt d'éduquer les gens)

G : Tout ça repose sur nous ! Si on veut voir les choses changer, il faut qu'on réclame ce changement. Beaucoup de rappeurs sont cultivés mais ont rendent leur truc stupide pour rentrer dans le moule, comme si être intelligent était synonyme de lavette. Ouais, on ne demande pas à nos artistes d'éduquer les gens. On ne leur demande pas de s'investir dans leur communauté. On ne leur demande pas d'en avoir quelque chose à foutre de quoi que ce soit à part leur prochain tube. Comprends moi bien, je n'ai rien contre les paroles matérialistes, c'est ce que les MCs font depuis le début, fanfaronner à propos de leur DJ, parler d'eux et d'à quel point ils étaient cools et de tous les trucs (fringues, bijoux, voitures, etc) qu'ils possédaient. Mais les mêmes MC allaient aussi parler des problèmes de leur communauté. NWA et les Geto Boys étaient deux des groupes les plus gangsta de tous les temps, mais ils étaient politisés. A Tribe Called Quest parlaient beaucoup de cul mais (en tant que membres de la Zulu Nation)  étaient aussi très conscients. Je dis ça pour dire... Où est le Chuck D de 19 ans? Où est le 2pac de 19 ans?  Où est le X-Clan de 19 ans ? On doit faire savoir à cette jeune génération qu'il n'y a rien de mal à s'éduquer ou à porter les gens plus haut. Y'a rien de craignos dans tout ça !

D : Je me rappelle de Bun B qui soutenais Occupy Houston, et au même moment ST2Lettaz (de G-Side) disait "Je ne vais pas occuper Wall Street je vais occuper ta rue". Comment une personne noire, qui vient de l'Alabama, un endroit qui était salement raciste, perçoit ces mouvements de contestation qui se répandent dans le monde entier, et qui sont (malheureusement, à mon avis) majoritairement blancs en Europe et aux U.S ?
Peut-on toujours trouver de la contestation politique dans les communautés noires, dans un endroit comme celui où tu habites?
Je pense évidemment à des gens comme Angela Davis, qui vient elle aussi de l'Alabama (Birmingham), et à récemment été conviée à l'université de Bruxelles pour recevoir un prix.

 G : Tout ce que je peux dire c'est, TOUT REPOSE SUR NOUS ! On a besoin que plus de leaders noirs prennent la parole (s’il nous en reste encore).
Ces temps-ci on dirait qu'il ne reste que Al Sharpton et Farrakhan, après eux, sur qui pourront compter les noirs? On a besoin d'une direction, d'un soutien, mais ça doit être la BONNE direction et un effort de toute la communauté. Je parle de toutes les communautés noires à travers le pays qui doivent être plus responsables à propos de ce qu'il se passe là où nous vivons. Notre musique reflétait ce que l'on traversait. Par exemple, dans les années 70 pendant les manifestions pour la paix, "What's Goin On" de Marvin Gaye était un hymne... Dans les années 80 Grand Master Flash avait "The Message". Dans les années 90 quand les émeutes se sont déclenchées c'était "Fight the Power" de Public Ennemy (et "Fuck da Police de NWA"). Mais dans les années 2000, pendant l'affaire Sean Bell (ndt : jeune afro américain tué par des policiers en civils alors qu'il n'était pas armé), les tubes c'était "We Fly High" de Jim Jones & "Show Me What U Got" de Jay-z. Je ne dis pas que ce n'était pas de très bon morceaux, mais ou étaient  les chansons qui ouvraient les yeux aux gens? Qui sait, cet incident aurait pu déclencher un tout nouveau mouvement grâce à la musique. Même aujourd’hui à la lumière du chômage, des politiques corrompus, du meurtre incompréhensible de Trayvon Martin (et d'autres), notre musique ne reflète pas ce qui se passe et nous n'essayons pas d'apporter de solutions. Je pense qu'une chanson ne peut pas sauver le monde, mais elle peut faire rentrer quelque chose dans la tête des gens. Tout ce qu'il faut c'est une étincelle mec... Juste lancer un pavé dans la marre histoire de faire des vagues. 

 D : Merci beaucoup d'avoir partagé tes pensées avec nous mec ! On à presque finit,, alors si tu a quelques chose de plus à nous dire... 

 
G : Je veux te remercier pour l'interview ainsi que pour ce super projet (Late Nite Ridin Musik 2 défonce). Je veux remercier tous les fans et les soutiens, vraiment, dites à tous ces promoteurs de faire venir GMANE dans votre ville ! 

D : Je suis sur qu'on va encore lâcher des trucs lourds bien assez tôt. Alors fait gaffe à toi et roule lentement mon pote !

G : Ouais t'inquiète Dave, hold it down... #Bédave

mercredi 6 juin 2012

Chronique : Juicy J - Blue Dream & Lean Bonus Tracks

Juicy J est un de mes rappeurs préférés, au cas ou vous n'auriez pas remarqué, alors évidemment je lorsque j'ai appris qu'une dizaine de nouveaux titres "bonus" venant compléter sa dernière mixtape Blue Dream & Lean étaient disponibles encore une fois gratos, c'était un peu la bonne nouvelle de la semaine. Je suis tellement accro à sa  musique que la perspective d'une dose supplémentaire de came sonore ne pouvait que m'enthousiasmer. Mais morceaux bonus, cela ne risquait il pas de vouloir dire "les trucs moins bien qu'on a pas voulu mettre sur la tape"? Et bien non, à mon avis ça voulait plutôt dire que le Trippy Mane se soucie de notre santé et à préféré nous éviter l'overdose en nous collant pas tout dans les oreilles d'un coup, histoire qu'on y revienne. Il est comme ça Juicy J, c'est le genre de dealer qui te donne un gramme en échantillon et quand tu croit qu'il n'y a plus rien et que tu est condamné à la descente, il te file un peu de rab histoire que tu te rappelle bien qui est ton fournisseur favori.



 Drogues, femmes, violence, comme d'habitude on ne sort pas de la sainte trinité du rappeur de Memphis et on ne va pas s'en plaindre. Certes on est plus dans de la trap que dans le son originel de la Three 6 Mafia, mais on retrouve comme toujours une vibe d'une violence rare, une sorte de souffle épique menaçant qui échauffe le sang et fait remonter à la surface nos pulsions les plus inavouables. On peut remercier pour ça Mike Will, Jahlil, Sonny Digital, Lex Luger ou encore Space Ghost Purrp qui délivrent des prods collant parfaitement à l'univers psychotique du rappeur. Les morceaux bien que tous, euh... violents, sont variés et offrent un bon aperçu du personnage. Je conseillerais d'ailleurs au réticents à la tolérance encore peu développée de commencer par cette dose plus faible qui leur permettra de découvrir le délire de façon plus digeste qu'en s'enfilant une mixtape entière. Avant bien sur de se retrouver accro et de passer à une consommation plus régulière.



 Ce qui est fascinant chez Juicy J c'est que ce n'est pas un vilain garçon parce que sa maman l'a élevé seule ou parce que le système est injuste, mais juste parce que c'est comme ça, c'est tout, il s'en bat les couilles et si ça te déplait il t'enfonce un glock dans la bouche et te pète les dents avec. De fait, sa musique est probablement ce qui se fait de plus ignorant, misogyne et cynique ("elles avalent mes enfants, c'est pour ça que j'en ai pas", sérieusement ?) même dans un milieu dominé par d'éminent tarés comme Gucci Mane et Waka Flocka et c'est cette démesure qui la rend si efficace.
 Au final, la question n'est pas de savoir si c'est bien ou pas, on est au delà de ça, mais plutôt si vous allez avoir le courage de télécharger ce truc et de faire péter un plomb à votre entourage en blastant quelque chose de trois fois plus violent et immoral que le pire métal norvegien que vous pourrez trouver. Moi je vous le recommande chaudement en tout cas.

lundi 4 juin 2012

Chronique : G Mane - Late Nite Ridin Muzik EP 2

 Si vous avez longuement parcouru ce blog et vous êtes délectés du moindre post (et je n'en doute pas) vous vous rapellez sans doute que j'avais chroniqué un petit projet gratuit du partner G Mane, et que j'avais trouvé ça très bon. C'était par ailleurs partiellement produit par Dave Luxe, un prodo belge dont j'ai aussi pas mal parlé. Et bien ces deux là remettent le couvert pour le second opus, et cette fois c'est encore meilleur.

 C'est toujours du Country pur jus, en provenance direct de l'Alabama, on imaginerait d'ailleurs bien une petite collaboration avec l'autre poids lourd country du moment, KD (allez pécho sa tape avec Burn One si ce n'est pas deja fait). Les production sont lourdes, entêtantes, avec ce coté "moite" si caractéristique du sud, les instruments foisonnent et la voix de G Mane, chaude, grave et mélodieuse s'y adapte parfaitement avec pour résultat une musicalité qui rendrait presque inutile de s'attarder sur les paroles : immanquablement, la nuque rentre en action, la tête bouge de gauche a droite, de bas en haut, comme sur un classique d'UGK ou des Geto Boys. D'ailleurs l'influence est plus que palpable : Dave Luxe nous fait le plaisir de retravailler légèrement l'instru du morceau légendaire de la clique de Scarface, "My Mind's Playin Tricks On Me" sur "Off Ya Mind" et c'est tout à fait à la hauteur de l'original. On retiendra aussi l'ouverture du projet, "Fly (Passport Flow), une ballade enfumée portée par une guitare lancinante.
 En fait on retiendra tout simplement tous les morceaux tellement la qualité est au rendez vous. Le flow, les refrains, les lyrics... tout est au poil, et en plus les sons sont variés, comme le prouvent l'entrainant "AMG", le plus péchu "Grind" ou le mélodieux "Money Machine".

 Rares sont les projets à l'heure actuelle qui sous des dehors aussi humbles ( 6 titres, 5 prodos, un petit instrumental en guise d'outro) sont capables d'installer aussi vite une atmosphère prenante à ce point : lancez le son, fermez les yeux vous êtes dans une Cadillac ou une Chevy, il fait nuit, chaud, vous êtes vaguement défoncé... convainquant non ? Ces gens là font de la musique par passion et ça se sent. Personnellement rien ne me comble plus alors je vous enjoint à supporter un max tout simplement en téléchargeant le bouzin, on a vu plus contraignant !

mardi 15 mai 2012

A l'écoute : Selecta Glitch Hop/Ghetto Dance/Dubstep

Ca commence a faire un bail que je n'ai pas parlé de musiques électroniques ici, j'étais un peu trop concentré sur le hip hop pur et dur pour découvrir de nouvelles choses, mais j'ai commencé à rattraper mon retard et vous ai donc concocté une petite sélection découverte concernant les artistes que j'affectionne ces temps ci. Le point commun de ces sons étant évidement de partager de grosses affinités avec le rap que ce soit dans la structure (ce que les experts appellent aujourd'hui Glitch Hop) ou dans les vocals (remixes dubstep, ghetto dance, juke etc...).
Il y a aujourd'hui de plus en plus d'artistes du milieu des musiques "de club" et particulièrement de la Bass Music qui ne cachent plus l'énorme influence qu'a le hip hop sur leur taf et n'hésitent pas à intégrer toutes sortes de choses qui en sont issu à leurs compositions.

D'abord donc, l'inévitable Dave Luxe, que j'aime beaucoup et dont je vous rabat les oreilles depuis un bail, dont j'ai découvert une relecture pour le moins gangsta du tube de Rusko "Everyday" dopé grâce à l'ajout subtil de... la Three 6 Mafia :


Je suis aussi tombé récemment sur un jeune producteur qui monte en ce moment aux Etats Unis, Marty Party. Il navigue entre glitch hop et dubstep et appelle tout simplement son style de la "purple music". Devinez pourquoi :


Addison Groove, c'est le nouveau projet d'un certain Head Hunter, défricheur du dubstep depuis de nombreuses années, qui s'essaye desormais à des expérimentations juke et footwork (ces styles de musique simples et très rapides sur lesquels les noirs américains adorent danser comme des tarés ces derniers temps. C'est parfois un peu aride, mais ça tape bien.


Wick it pour sa part est un petit prodige du mash up et de la compo qui pour le coup ne s'interdit absolument aucun style, mêlant sans scrupules rythmiques hip hop, basses dubstep, sample de classiques pop et vocals variés allant de Mickael Jackson à Gucci Mane en passant par Green Day.


Tigran MiMoSa enfin (quel nom étrange...), à propos du quel je ne sais encore que bien peu de choses offre lui des tracks plus proches du Dubstep et de la Moombahton même si on perçoit toujours l'influence hip hop au détour de certaines d'entre elles.


Ah et sinon, bon pour les noms de genre, c'est dur de s'y retrouver, je n'y comprends rien une fois sur deux moi non plus alors écoutez vous verrez bien si ça vous branche.

samedi 12 mai 2012

A l'écoute : Space Ghost Purrp, J Stalin FT KRIT & Too Short, Killa Kyleon & Mouse

 Le moi de Juin, et cet été 2012 en général s'annoncent comme une des périodes les plus fastes pour le rap américain depuis pas mal de temps, les projets enthousiasmant s'accumulent comme rarement et il pleut des vidéos et des mixtapes depuis déjà quelque temps au point que je ne sais quasiment plus ou donner de la tête entre ce que j'attends de pied ferme, ce dont je viens juste d'entendre parler et sur quoi je bave deja, et les trucs inattendus qui me tombent sur le coin de la figure tout les deux jours.

Space Ghost Purrp par exemple, et le raider Klan en général lachent des sons et des projets de plus en plus régulièrement et prennent clairement de l'assurance, la preuve avec son nouveau clip ou il à l'air plus a l'aise que jamais avec son personnage. Cette équipe est dangereuse et motivée, à suivre absolument !


J Stalin est lui un de mes petits favoris et un nom bien connu des aficionados de la scène de la baie de San Francisco, et pourtant je ne me tenais même pas a jour concernant son prochain album. Quand on à un peu écouté ses mixtapes The Real World avec DJ Fresh et son album Preenuptial Agreement, on sait que c'est une erreur à ne pas faire tant la qualité et l'originalité son au rendez vous, alors s'apercevoir qu'on aura droit a Big KRIT et au parrain Too Short sur un des titres, tout de suite ça réveille.


Enfin, si j'avais deja aperçu le Texan Killa Kyleon par ci par là sur des titres sympathiques, je ne m'attendais pas à la lourdeur de sa dernière mixtape avec le producteur Mouse : pas d'écletisme, que des sons qui frappent fort, très fort mais avec cette touche texane bien moins froide que les productions trap d'Atlanta. Téléchargez le bouzin sur Datpiff.com (quand ça remarchera) ce serait dommage d'écouter les sons sur youtube, la qualité dramatiquement mauvaise ne rend pas honneur aux basses sourdes et chaudes qui suintent de chaque track.

jeudi 10 mai 2012

Big K.R.I.T - En attendant l'album

 J'ai deja parlé de Big K.R.I.T ici et si vous vous intéressez un peu à ce qui se passe au Sud des Etats Unis vous n'avez pas pu passer a coté de ce phénomène.  alors en attendant la sortie officielle de son premier album le 5 juin, j'ai décidé de faire une petite retrospective musicale de son univers et un petit rappel de ce qui fait l'intêret du personnage et de sa musique.

 Krizzle, c'est un peu le contraire d'un Future à l'heure actuelle, entièrement tourné vers son héritage, fasciné par ses ainés et leur musique : les Geto Boys, 8 Ball & Mjg, Outkast mais surtout UGK et en particulier la figure mythique de Pimp C, Chad Butler premier Roi du Sud et artisan majeur de ce son si typique, le Country Rap, le son des noirs de la campagne. Il n'a pas vraiment le profil du hustler ambitieux en vigueur dans le rap jeu du sud ces derniers temps, mais plus celui d'un fan, d'un auditeur chevronné de rap.


Big Mike sur une prod et un refrain de Pimp C, le genre de titre qui a du marquer le jeune Krit

 Des lors, comment expliquer sa notoriété croissante, et l'intêret immense que lui porte la presse spécialisé aux USA ? C'est que plus qu'une admiration pour les légendes de sa région et leur musique c'est un amour total pour la culture du Sud noir qui meut Krit : les voitures américaines à l'ancienne, aux intérieurs habillés cuir et bois et à la peinture flashy, le sirop codeiné, les vieux vinyles de soul et de blues, les musiciens de jazz, mais aussi le souvenir de l'esclavage et des luttes pour l'égalité des droits civiques, c'est un univers riche et populaire qui non seulement parle à tous, mais qu'en plus Big Krit réinterprête avec brio.


Country Shit, le manifeste

 En effet KRIT est le genre d'artiste qui ne se contente pas de rapper mais produit aussi la quasi totalité de ses morceaux, et produit aussi pour les autres. Et Krit produit particulièrement bien, livrant une version personnelle et actualisé de ce son qu'il aime tant. Sons énergiques, odes à la ride, au lifestyle pimp, ballades teintées de soul, bangers... KRIT est un touche à tout et explore toutes les facettes possibles de son héritage musical.


" - Can you sing Krit ? - Yes I do"

Très remarqué pour sa première mixtape, Krit Wuz Here, il est signé sans tarder chez Def Jam par le nouvel homme fort du label, l'ex patron de G Unit Records, Sha Money XL et son deuxième projet, Return Of 4Eva est acclamé par la critique. Avec son style versatile, sa capacité à chanter aussi bien qu'a rapper, ses talents de production et l'amour qu'il porte à la musique de là d'ou il vient, Krit fédère très vite les artistes les plus influents du Sud Sale, ses idoles comme Bun B, 8 Ball & MJG, les gros poissons du genre comme Ludacris, David Banner ou T.I, et les petits nouveaux comme 2 Chainz, avec qui il va multiplier les collaborations fructueuses.


K.R.I.T signe avec 8 Ball, MJG et 2 Chainz un des meilleurs morceaux sortis récement

 Si Krit est obnubilé par le son classique, il n'est pas le genre à trouver que c'était mieux avant et à faire et refaire la même musique : la sienne est fortement influencée mais ne saurait souffrir d'aucune barrière régionale ou de genre. Sa seule ambition, c'est de faire la musique du Sud d'aujourd'hui aussi bien que ceux qui ont fait celle d'hier. Pas étonnant que son attitude dynamique et enthousiaste parle autant au public qu'à ses camarades rappeurs, il a ce coté fédérateur dans ses textes, sa musique et la façon dont il mène sa carrière. Bien sur, certains lui trouverons un coté peut être un peu trop simple, il manque un peu du charisme fatal du gangster américain, mais la scène musicale pullule deja d'artistes du genre et si comme vous le savez je n'ai aucun problème avec ceux qui comptent plus sur leur style brut que sur l'originalité, parfois ont a besoin de quelque chose de plus travaillé, qui se développe sur la longueur et ne se dévoile pas forcément au premier abord.


Laidback...

La musique de Big K.R.I.T en déroutera surement certain, qui auront du mal à comprendre pourquoi des mixtapes aux morceaux pas forcement marquants auront fait tant de bruit, mais c'est qu'il ne suffit pas d'écouter superficiellement pour apprécier la complexité des productions, les thèmes travaillés, la grande maitrise technique et la richesse de l'univers musical du rappeur. Heureusement, même pour ceux la, le jeune homme à tout de même sorti quantité de morceaux qui frappent fort et n'hésitera surement pas à proposer sur son premier véritable album la dose d'énergie nécessaire pour parler au plus grand nombre, comme sur son dernier extrait I Got This, aux allures de banger.

  Difficile de mettre beaucoup d'extraits musicaux sans surcharger la page, je vous conseille donc d'écouter ou de réécouter attentivement les projets deja sorti, on ne peut pas se faire une idée complète du personnage si on se contente des ses grosses collaborations ou de ses morceaux phares. Revenez notamment sur Return Of 4Eva, le deuxième opus sorti qui semble en avoir dérouté plus d'un malgré les excellentes critiques et qui est à mon avis son projet le plus sous estimé.

vendredi 4 mai 2012

R.I.P MCA

Merde, y'a pas d'autres mots : la nouvelle est tombé cet après midi, Adam "MCA" Yauch, membre du légendaire groupe de rap Beastie Boys est décédé aujourd'hui, probablement des suites d'un cancer à l'age de 47 ans seulement.
Le groupe est à l'origine, quand même, de l'album de rap le mieux vendu des années 80, d'une série de classiques indétrônables et indémodables acclamés par le monde de la musique (nombres de leurs albums sont classés parmi les 500 meilleurs de tout les temps par le magazine Rolling Stone, par exemple) et a grandement contribué à la reconnaissance critique et commerciale du hip hop.

C'est aujourd'hui une légende du hip hop, peut être injustement méconnue par les plus jeunes, qui s'est éteinte, et c'est sans doute la fin de ce groupe mythique à l'énergie toujours débordante et au coté punk prononcé... alors blastez leurs putains d'albums chez vous c'est probablement ce qui aurait fait le plus plaisir a cet incorrigible fouteur de merde ! R.I.P MCA, et merci pour la musique :(





mercredi 2 mai 2012

Oldies : AMG, Three 6 Mafia, 2 Pac

Une sélection de petites tueries à l'ancienne, pour vous montrer que c'est pas parcequ'on écoute de la Trap qu'on à pas d'amour pour la culture classique au contraire.



Issu de l'excellent album d'AMG "Bitch Better Have My Money 2001" cette track surprend par une mélodie et des percussions orientales revues à la sauce west coast et nous enjoint à "pimper le monde". Personnellement ce son m'a scotché à la première écoute et l'album entier est du même acabit. Allez l'écouter sur deezer par exemple, impossible de le trouver en bonne qualité sur Youtube et vu l'éclétisme et la qualité des prods (assurées par DJ Quik notamment) ce serait dommage de ne pas en profiter pleinement. Oh, et pour les amateurs de son vraiment old school, l'album éponyme (sans le 2001) est aussi un classique.



Presque tout le monde est familier avec la montagne de morceaux légendaires que nous a offert 2pac, mais avant d'être la superstar de Death Row, et bien... 2pac était deja 2pac. Ce morceau plus méconnu, tiré de son premier album 2pacalypse Now contient dèja tout les ingrédients qui feront la popularité sans bornes de l'artiste : le coté gangster pur jus, un certain talent pour les menaces de mort, et un vrai esprit révolté contre la société.



La clique de DJ Paul & Juicy J, dream team de l'horreur venue de Memphis à en grande partie façonné le son très a part de cette ville : mélodies glaçantes, beats violents et rapides, lyrics ultra hardcore, personnalités plus proches du déséquilibré paranoiaque que du simple gangster... pas étonnant dès lors que leurs albums regorgent de morceaux imparables comme celui çi, ou l'air simple et entêtant couplé aux paroles sans concession et au refrain guerrier aboutit une alchimie à faire froid dans le dos. Ferme tes rideaux, balance le son et libère ton coté obscur.

lundi 30 avril 2012

A l'écoute : Starlito, E 40, Big Krit

Une petite sélection sans fil conducteur parce que ça fait deja quelque temps que je n'ai pas posté et que les projets de qualité continuent de s’amonceler pendant que je chôme.


Le nouveau projet d' E-40 est sorti et comme d'habitude c'est gargantuesque : non content d'avoir sorti quatre album d'affilée il y a peu (sa série des Revenue Retrievin, indispensables) c'est cette fois un triple album (!) que Earl balance, comme ça, direct. Je n'ai pas encore eu le temps de l'écouter vraiment mais je retiens deja ce super son dédié à son milieu naturel, le ghetto. La prod est puissante et ce refrain jamaicain en impose et reste bloqué dans la tête. Repeat.


La dernière tape de Starlito est sortie depuis quelques temps deja et c'est une vrai réussite, un pur produit du sud (Burn One aux commandes sur pas mal de sons) , au contenu très varié : un certain nombre de tracks plutot classiques autour des drogues, des salopes et du traffic, mais aussi de très beaux morceaux sur les amis enfermés à vie, ou encore comme ici sur la difficulté de garder la tête froide quand tout se barre en couille autour de soi et qu'on se met à douter de sa propre santé mentale.


Enfin, en attendant l'album, il est toujours bon de se rappeler que si la dernière tape de Big KRIT n'est pas la plus pêchue qu'il ait faite (bien qu'elle soit excellente), il n'a aucun souci à vous user un peu les cervicales au volant quand ça lui prend de faire un son pour la ride, southern style. Ride clean, ride slow, voilà de la prévention routière efficace.

mardi 17 avril 2012

Chronique : Future - Pluto


Pour ceux qui ne le savaient pas encore, si il y a une capitale de la musique rap à l'heure actuelle aux états unis, c'est Atlanta. Bien que les artistes les plus populaires tels que Rick Ross, Kanye ou Lil Wayne n'en soient pas originaires, ATL est un laboratoire du son à l'influence considérable sur le Hip Hop américain : la déferlante trap, et surtout l'incroyable impact du désormais classique premier album de Waka Flocka ont chamboulé le rap jeu en profondeur. Il suffit de voir l'impact qu'a eu le son Lex Luger, qu'on retrouve maintenant partout pour le meilleur et pour le pire, aussi bien chez Rick Ross que chez notre Booba national. Dès lors, la monté en puissance d'un des derniers rejetons de cette ville ne pouvait qu'attirer les regards : le jeune Future s'est distingué de la masse par une nouvelle approche du son atlantien : synthés mélodiques à balle, alliance du rap et du chant portés par une voix rocailleuse trafiquée électroniquement comme cela ne se faisait plus, esthétique d'outre espace... et surtout une volonté affichée de faire de la musique pour remuer les foules et ambiancer les stades.



Difficile dès lors de savoir a quoi s'attendre avec ce premier album très attendu : révélation d'une nouvelle star ou bide total ? Au vu de la sortie très récente de l'album (euh, aujourd'hui) les chiffres parleront plus tard mais on peut dès lors s’atteler à la critique musicale de cet OVNI.
Et Future ne nous avait pas menti, dès l'introduction de Big Rube, qu'on a pu entendre sur les albums Organised Noize (Outkast, Goodie Mob..), le ton est donné : Future à l'ambition d'être un game changer et se veut à la hauteur de son nom d'artiste, futuriste a fond ! L'album démarre vraiment avec en guest R.Kelly sur le titre parachute, hybride rap/RnB ou le chanteur ne se contente pas du refrain mais partage la vedette avec le rappeur sur une instru proteiforme vouée à cartonner en club, et continue avec un hymne qu'on imagine bien retourner le stade de france, suivi d'une track girl friendly encore très mélodique. Là, l’inquiétude commence à monter, en effet bien que très efficaces ces deux chansons on une vilaine tendance à frôler les limites du bon gout ! Mais voila qu'on arrive au déja classique remix de Magic avec T.I et l'album fini vraiment par passer en hyperespace.


(oui c'est censuré ça craint)

"Trippin", avec l'incontournable Juicy J (parler de drogues sans l'inviter serait un sacrilège), l'hymne gangsta Tony Montana (agrémenté d'un Drake sur lequel je ne me prononcerais pas), les plus personnels "Neva End" et "Permanent Scar", les deux bangers "Same Damn Time" et "Homicide" (avec un couplet excellent de Snoop Dogg comme on avait pas vu depuis longtemps!) et un hommage à UGK très bienvenue avec Trae The Truth ("Long Live The Pimp"), aka le seul homme qui t'impressionne en chuchotant : ça tabasse sacrément et on rentre vraiment dans ce son Future-istique qui atteint ici un niveau critique, plus encore que sur toutes ses mixtapes.
Difficile de ne pas accrocher à cette nouvelle recette à base de basses dopées, hi hats frénétiques et mélodies électroniques épiques, tant pis si c'est ultra accessible !



L'album s'achève avec un autre titre très sentimental et cheesy, sur la difficulté de trouver la femme de sa vie (!) "Turn On The Lights" bizarrement très addictif (ce n'est pourtant pas mon genre), et une ode à son succès mérité "You Deserve It" qu'on imagine bien encore une fois faire un carton en live.
Sur toute ces pistes, future oscille comme toujours entre chant et rap, déployant dans les deux domaines une écriture correcte mais surtout un sens de l’efficacité et de la mélodie assez imparable. Pas besoin de chercher un flow à tomber par terre ou des lyrics très recherchées, il ne se place pas dans ce créneau là.

En résumé, on ne peut que constater que ce projet s'inscrit dans une vision artistique qui ne doit rien au hasard. Future tiens toutes ses promesses avec un album accessible mais ambitieux qui colle parfaitement à son cri de ralliement : turn up ! Pas une seule pause, du triomphal pour briser des nuques dans la fosse, du mélodique pour faire larmoyer le public féminin et partout cette obsession de sonner majestueux et d'avoir quelques parsecs d'avance sur la concurrence. Nul doute que certains ne supporteront pas longtemps cette grandiloquence et le manque de substance dans les textes, et certaines tracks sont vouées à être systématiquement zappées mais ce serait dommage de se priver du plaisir que procurent la majorité des chansons de cet album, quand bien même il s'agirait d'un plaisir coupable, et surtout de passer à coté d'un artiste qui se démarque à ce point : ce n'est plus si courant !

L'album est en écoute intégrale (sans les tracks bonus) sur Deezer

vendredi 13 avril 2012

A l'écoute : Dave Luxe - PurpleStep

Je vous avait promis lorsque j'avais parlé d'un petit EP gratuit de G Mane (ici) que je reparlerais d'un des producteurs listés : Dave Luxe. J'avais découvert en tombant sur sa page perso ce que faisait vraiment ce mec et j'ai été étonné de voir que non content d'appartenir au crew Regulate et d'être proche de toute la clique Booty Call Records (juke, footwork, booty bass), ce que je savais déjà, il est aussi fan de dubstep et de rap du Sud (d'où le G Mane, donc), un peu comme... moi.

Je me suis donc jeté sur une de ses mixtapes, la bien nommée Purple Step. Au programme : du grime, du dubstep, des mashups, du rap et pas n'importe comment : le tout est en effet passé à la moulinette Chopped & Screwed, comme les meilleures tapes sudistes. Alors qu'est ce que ça donne ? Bah évidemment ça tue de bout en bout: la tracklist est fatale (Rustie x Waka Flocka, Simian Mobile Disco remixé par Joker, Kid Sister ft. Riff Raff, G Side, Jackie Chain, Schoolboy Q & ASAP Rocky, Wiley...) Tout glisse parfaitement, dans une ambiance fin de MDMA remontée à la codeine et au joint, et en plus les transitions et les chops sont au poil.



Si vous cherchiez un nouveau genre de son pour vous accompagner dans vos errances nocturnes ou vous réunir fracassés dans un canapé avec vos potes, voila l'idéal, une combinaison de styles tellement efficace que ça me choque presque qu'on y ait pas pensé avant. J'espère vivement (et ça à l'air bien parti pour) tomber sur de plus en plus de projets de ce type et je vous encourage à donner un peu d'amour à ce jeune homme audacieux en téléchargeant la fameuse mixtape, là par exemple.

jeudi 5 avril 2012

Chronique : Nacho Picasso/Blue Sky Black Death - Lord Of The Fly

Depuis quelques semaines, un nom se répand sur internet, des clips tournent, des articles sont publiés... bref y'a du buzz, et ce buzz encore timide à un nom : Nacho Picasso. Quel intêret que j'ajoute donc ma pierre à l'édifice de la hype ? Honnêtement c'est parce que ce jeune rappeur de Seattle est plus qu'une curiosité à mes yeux : d'abord je trouve que ça défonce, et ensuite parce que le succès naissant de l'artiste doit beaucoup à ses deux producteurs préférés, Blue Sky Black Death, et qu'on en parle pas assez.



Les productions m'ont en effet particulièrement marquées : le duo de producteur est à l'origine d'une lente avalanche de beats tordus, oppressants, psychédéliques, qui sonnent un peu comme une version codeinée et un tantinet badante du son de Clams Casino. Les grosses basses côtoient de petites mélodies entêtantes oscillant entre l'épique, le trippant et le franchement menaçant, les drums frappent sèchement, et le kick lorgne plus du coté du tambour de guerre que de la simple grosse caisse. Ici, les basses flirtent avec la wobble du dubstep, les morceaux sont parsemés de bizarreries électroniques et on est bien loin du sampling cher à Primo ou RZA. Alors ne serait ce qu'un OVNI? Nope, la plus grande réussite de ce Lord Of The Fly coté beats est de ne pas ressembler à un croisement bâtard mais d'être au contraire une vision très contemporaine de la production hip hop, un truc plus à la pointe qu'à la marge de très bon augure pour l'avenir de cette musique.



Quant au rappeur, sans être traumatisant au micro, il maitrise le flow et les rimes bien mieux que la moyenne des rappeurs aussi débutants que lui, trop souvent semblables à un clone mononucléosé de Waka Flocka (arrêtez de demander des sons à la Lex Luger, pitié), et développe au file des tracks ses obsessions avec talent. Si le garçon semble avoir un urgent besoin d'un psychologue et d'un spécialiste en addictions, on se gardera bien de lui dire. Sa déviance assumée bien que déplorée faisant tout son intérêt. Drogues, sexe, mégalomanie, paranoïa, traité avec cynisme et désabusement, voila de quoi parle Nacho Picasso, nous dépeignant avec brio le portrait d'une nouvelle génération de jeunes noirs écartelés entre leur appétit de réussite et leurs démons, ni tout à fait hustlers accomplis ni toxicos finis.



Porté par des productions atypiques et réussies, des thématiques sombres, de vraies qualités de rappeur ainsi que des refrains efficaces (sur Stare At The Sun ou Phantom Of The Opera par exemple) cette tape est indéniablement un projet sur lequel il ne faut pas dormir, si vous ne l'aviez pas encore compris. Bien sur le projet n'est pas parfait, Nacho Picasso n'a surement pas encore atteint ses capacités maximales de rappeur, et l'égocentrisme permanent risque d'en agacer certains, mais cela fait au final bien peu de raisons de passer à coté.

Allez, choppe le ici và ! (et quand même, pour ceux qui ne connaissent pas, allez faire un tour chez le Captain Nemo de temps en temps ça fait deja quelques temps qu'il en parle et y'a toujours du bon son)

mercredi 4 avril 2012

A l'écoute : L.E.P Bogus Boys x The Hood Internet

The Hood Internet est un producteur américain qui s'est fait une petite réputation grâce à ses mash ups assez inhabituels mélant rap qui tâche et indie/éléctro de hipster, le résultat est souvent très frais et c'est une refonte compléte de 6 morceaux tirés de Now Or Neva des L.E.P Bogus Boys qu'il nous offre aujourd'hui.
Il semblerait que les morceaux aient été concoctés avec l'aides d'autres producteurs comme Burial (!!) ou Bibio, mais je me demande si je n'ai pas mal compris et qu'il ne s'agirait que de mash ups. Enfin en tout cas c'est très plaisant et ça change un peu des remixs ghetto-dance que j'ai l'habitude d'écouter.


Télécharge c'est gratuit !